Rain Washes Away

Appuyé sur le comptoir de la salle de bain qui n’était pas celle de son appartement, Aku regardait son reflet médusé...enfin, le reflet qui aurait dû être le sien. L’image qui lui était reflétée par le miroir, c’était celle de Matsumoto Nami. Et à moins d’être en train de faire un très mauvais rêve, ce qui était peu probable, cela signifiait qu’il se trouvait dans le corps de l’adolescent....Mais comment cela était-il possible??

Le punk tourna le robinet d’eau froide et s’aspergea le visage, toujours sous le regard inquiet de Kao. Faisant volte face, le visage dégoulinant d’eau, il lança d’un ton cinglant qui n’avait rien de coutumier à Nami :

- T’as rien à faire d’autre à part m’observer???

Les yeux de Kao s’agrandirent de surprise....il sembla sur le point de dire quelque chose mais ravala ses paroles avec une moue qui aurait réussi à faire se sentir coupable la plupart des personnes ayant un minimum de gentillesse. Même Aku, en temps normal, s’aurait senti coupable d’avoir déclenché cette réaction...mais ça n’était pas une situation normale. Il était prisonnier dans le corps d’une autre personne et le dernier de ses soucis, c’était bien d’avoir froissé les sentiments d’un préadolescent!

Kao baissa les yeux sur ses pieds nus, l’air penaud. Il ne comprenait pas ce que Nami avait, mais il était clair qu’il devait le laisser seul. Il fit donc ce qui lui sembla être la bonne chose à faire et s’éloigna de la porte de la salle de bain et pris la direction de l’escalier, pour aller prendre son petit déjeuner.

Aku s’essuya le visage avec une serviette toute propre qui trônait sur une étagère puis se permis un petit luxe, celui d’évaluer la maison dans laquelle il se trouvait....un plancher en marbre...une baignoire d’une taille d’une petite piscine....un lustre....DANS LA SALLE DE BAIN??? Aku déglutit. Cette maison....Elle sentait la richesse à plein nez! Le punk retourna dans la pièce qu’il venait de quitter, la chambre de Nami puis fouilla dans les tiroirs.....pour se rendre compte qu’il n’y avait rien là dedans qui était à son goût...Décidément, Matsumoto avait un très mauvais sens vestimentaire!

Aku prit quelques vêtements qui lui semblaient moins horribles que les autres puis s’en vêtit. Le punk espérait qu’il n’aurait pas à passer trop de temps dans le corps de l’adolescent...il ne supporterait pas longtemps d’être une personne qui s’habillait si mal que ça! Le punk se regarda dans le miroir qui était accroché sur la porte de la penderie...Tout était parfait. Mais il manquait un détail...Ah oui! Le chapeau! Aku ne se souvenait pas d’une seule fois où il avait vu Matsumoto sans un chapeau! Il se remit donc à fouiller et trouva toute sorte de couvre-chef. Il opta pour une casquette noire qui était assez classe...

Le chef des Kiras passa une bonne vingtaine de minutes à fouiner un peu partout dans la chambre de son rival. Il trouva une quantité effarante de paquets de gomme (il eut un grincement de dents à la pensée qu’il devrait lui aussi en consommer s’il voulait passer incognito), tout plein de travaux scolaires portant la mention « excellent » ou bien simplement une note parfaite (ce qui eut pour effet de l’agacer au plus au point), des bandes dessinées rangées méticuleusement (Aku ricana en les regardant) et plein d’autres choses plus ou moins sans intérêt, dont la pile de cadeaux que Nami avait reçu la veille, sur son bureau, juste à côté de l’ordinateur (il ne se priva pas pour fouiller dedans et de se faire quelques réflexions méprisantes)...Après quelques secondes, le punk s’installa devant celui-ci et l’alluma...un ordinateur dernier cri...décidément....Tout dans la personne de Nami l’énervait, de son apparence trop décontractée jusqu’à sa maison trop luxueuse.

L’ordinateur émit un léger ronronnement puis l’écran s’ouvrit sur une page exigeant un mot de passe.

- Aaah kuso! Un mot de passe, j’aurais du m’en douter!

Le punk éteignit l’ordinateur d’un clic de souris. Il n’avait absolument aucune idée de ce que le mot de passe pouvait bien être et il n’avait pas envie de se casser la tête avec ça maintenant. Il se leva puis, parce qu’il n’y avait plus rien d’intéressant à regarder, il descendit les escaliers de bois massif et sculptés magnifiquement (Aku bouillait intérieurement devant tant de richesse), tout en continuant à mépriser Nami pour tout ce que son père avait jugé nécessaire d’avoir, soit une maison extravagante pour faire mourir tout le monde de jalousie.

- Saleté de gosse de riche, ce Matsumoto!

Bougonna-t-il lorsqu’il arriva au rez-de-chaussée.

- Vous avez dit quelque chose, Nami?

Aku tressaillit en entendant qu’on s’adressait à lui. Il fit volte face et vit un homme dans la trentaine qu’il reconnut comme étant le majordome de Nami.

- Heu non, haha! Je me faisais une réflexion à voix haute, c’est tout.

Ren eut un froncement de sourcils mais ne fit qu’hocher de la tête.

- Je vois. Bon et bien, vous feriez mieux de prendre votre petit déjeuner, quand vous serez prêt, nous pourrons partir.

« Partir? Partir où? » Aku n’en n’avait aucune idée mais ça ne pouvait être que très mauvais pour lui. Il suivit donc Ren vers la salle à manger, n’accorda pas un seul regard à Kao qui, assis à la table, mangeait avec un air morose les céréales qu’il adorait pourtant, et passa dans la cuisine où il eut de la difficulté à choisir quoi manger.

« Si j’étais cet insupportable Matsumoto, qu’est-ce que je mangerait??? » Après plusieurs moments d’hésitations, Aku pencha vers un choix sûr, des toasts à la confiture. « Même cette cuisine est luxueuse...Ça m’énerveeeeeeeeee! »

Aku revint à la table et s’assit face à Kao. Il avala son petit déjeuner avec le plus de lenteur possible, jusqu’à ce que Ren prenne la parole, les yeux sur sa montre.

- Nami, nous allons être en retard. Il faudrait partir maintenant!
- Heuuu...oui!

Aku se leva.

- Allons-y!

Alors qu’ils traversaient le hall d’entrée, Aku fut à nouveau interpellé :

- Namiiiiii chéri! Au moins j’ai pu te voir avant que tu partes! Tu es toujours si occupé les samedis!

La mère de Nami! Il fallait vraiment qu’il tombe sur TOUS LES MEMBRES DE CETTE MAUDITE MAISONNÉE????!!!!

- Passe une belle journée!! Fit Naoko en étreignant son « fils ».

Aku ne savait pas trop comment réagir. Aussi, il adopta l’attitude qu’il imaginait un fils de riche avoir envers ses parents!

- Vous aussi, mère.

Naoko eut l’air surprise.

- « Mère »? Nami! Depuis quand est-tu si formel?

Devant l’air décontenancé qu’arborait Aku, elle éclata de rire.

- Ah j’ai compris! C’est une plaisanterie! Tu m’as bien eue! Bon, je ne veux pas vous mettre en retard! Aller, filez!

Aku laissa échapper un rire qui se voulait convainquant et dès qu’il se fut éloigné, poussa un soupir à peine audible. Au moins, sa bourde avait passé pour une plaisanterie. Quelques minutes plus tard, après avoir empoigné un parapluie dans le hall d’entrée afin de se protéger de la pluie qui n’avait toujours pas cessé, il se trouvait dans la voiture avec Ren.

Le trajet se déroula dans le plus total des silences. Un silence plutôt angoissant pour Aku, à vrai dire. Il ne pouvait rien faire à part se tracasser au sujet de leur destination. Il ne pouvait tout simplement pas demander à Ren où ils allaient! Ça n’aurait été qu’une façon d’éveiller les soupçons de Ren.

...

Mais ce qu’il ignorait, c’est que Ren avait déjà des soupçons. Aussi loin qu’il était de pouvoir se douter de ce qui se passait réellement, il connaissait très bien son protégé...c’était presque son propre fils. Et la personne qui se trouvait en face de lui n’était PAS Nami. Ou bien...Nami avait de sérieux problèmes en tête qui l’empêchaient d’agir normalement.

Plusieurs indices menaient à cette conclusion. Tout d’abord, il y avait la petite discussion qu’il avait eue avec Kao après l’avoir vu descendre les escaliers, les larmes aux yeux. Le préadolescent avait alors expliqué que Nami avait été « très méchant » avec lui, ce qui avait surpris Ren au plus au point. Nami n’était jamais « méchant » avec Kao. Il était parfois impatient, certes, mais jamais à ce point. Il aimait son cousin et il n’aurait jamais fait quoi que ce soit qui aurait pu lui valoir de se faire appeler un « méchant ».

Le deuxième indice était le comportement lui-même de Nami. Il avait dit « se faire des réflexions à voix haute », chose que Nami ne faisait jamais en tant normal. Toutes ses réflexions, il se les faisait dans sa tête, c’était une chose que Ren savait très bien. Son protégé gardait tout à l’intérieur de lui-même, et c’était souvent une raison qui faisait que le majordome s’inquiétait. En plus de cela, l’adolescent semblait avoir totalement perdu la notion de ce qu’ils devaient faire aujourd’hui et cela en soi était la plus alarmant, étant donné qu’à tous les samedis depuis presque un an avait lieu la réunion de la O.A.K.

Tous ces indices avaient quelque chose de troublant. Mais ce qui inquiétait le plus Ren, c’était le fait que depuis qu’ils se trouvaient dans la voiture, Nami n’avait pas mangé une seule gomme à mâcher....Avant une réunion??? C’était impensable.

Après une trentaine de minutes pendant lesquels chaque occupant du véhicule se questionnait intérieurement, la voiture s’arrêta enfin. Ren alla ouvrir la portière de Nami, comme à son habitude, et ils prirent la direction de l’imposant immeuble qui se dressait devant eux.

« Immeuble Yamaguchi » Lut Aku sur le devant de l’immeuble. « Mais qu’est-ce qu’on fabrique ici??? » Au lieu d’entrer par la porte principale, ils entrèrent par une porte qui semblait impossible à ouvrir à quiconque ne possédait pas la carte appropriée. Aku déglutit. Il espérait que Ren n’attendait pas de lui qu’il ouvre la porte parce qu’il n’avait pas la carte en sa possession...elle devait se trouver dans les affaires de Matsumoto....

Heureusement pour lui, Ren sortit sa propre carte et déverrouilla la porte. Ils pénétrèrent dans l’immeuble et après quelques minutes de marche dans un couloir désert, ils arrivèrent devant un ascenseur verrouillé par un clavier numérique. Aku fit face au clavier, mal à l’aise. Il pouvait sentir le regard de Ren dans son dos. Que devait-il faire? Il ignorait même jusqu’au nombre de chiffre que comportait le code! Une goute de sueur froide descendit le long de sa tempe pour aller s’écraser dans son cou. Il n’y avait pas d’issu possible à ce problème! Il lui aurait fallu un miracle!

- Hey! J’suis pas en retard! Je suis sauvé!! Si toi t’es encore là, ça veut dire que la réunion n’a pas encore commencé!

Aku n’eut pas à tourner la tête pour voir de qui il s’agissait. L’individu en question avait eu tôt fait de passer devant lui et de taper une série de dix chiffres dont le Kira eut la vivacité d’esprit de se rappeler : 1 5 3 9 3 4 4 6 8 7.

L’individu en question, c’était l’un des invités de la fête de la veille et un des amis de Sarah-chan : Yukimara. À cette pensée, le punk se souvint d’avoir entendu plusieurs personnes l’appeler « Aileen »...il n’y avait plus trop repensé depuis tout ce qui s’était passé, mais il y avait matière à éclaircir. La première hypothèse c’était que lors de leur première rencontre, elle avait eu peur à cause des gens qui la poursuivait et qu’elle avait donné un faux nom pour se protéger. Mais ensuite, elle avait continué à utiliser ce faux nom...pourquoi?? Aku repoussa ce question au fond de son subconscient : cela devrait attendre, il avait plus important à faire pour l’instant.

L’ascenseur arriva en ronronnant. Les trois hommes montèrent à l’intérieur et l’ascenseur commença à monter vers une destination inconnue.

- Alors, quoi de neuf cette semaine, « boss »? Lança Yuki sur le ton de la plaisanterie.

« Boss »?? La situation devenait de plus en plus étrange... Le punk remarqua que la paroi de l’ascenseur n’était ornée que de très peu de boutons : rez-de-chaussée, cinquantième étage, cinquante et unième étage et cinquante-deuxième étage. Un mystère de plus! Ça devait être un ascenseur privé...mais menant à quel endroit?? Pendant ce temps, l’ex-voleur commença à se demander si Nami n’avait pas une case en moins, ce matin!

- Heuuuu je t’ai parlé! S’impatienta Yukimara.
- Aaaahhh!!! Gomen, j’étais dans la lune...

L’ascenseur s’arrêta au cinquantième étage et Aku fut heureux de pouvoir en sortir et d’échapper aux regards inquisiteurs de Ren et Yukimara.

- Bon et bien! Fit celui-ci. Direction la salle de réunion! J’vais arriver avant toi! Ils ne pourront pas dire que je suis le plus en retard!

Sur ces mots provocateurs, l’adolescent piqua un sprint jusqu’à une porte au bout du couloir. Aku haussa les yeux au ciel puis emprunta le même chemin, d’un pas nettement moins enjoué. Il se dirigea droit vers une pièce à l’apparence hostile qui ne signifiait rien de bon pour lui.

Le punk poussa les portes, un air qu’il voulait décontracté sur le visage. Il ne s’attendait nullement à trouvé une salle de réunion! La pièce dans laquelle il venait d’entrer était meublée sobrement. Une longue table de forme ovale et allongée était placée en son centre et tout autour de celle-ci se trouvaient des fauteuils noirs qui semblaient très confortable. Les personnes rassemblée dans cet salle laissaient Aku plutôt perplexe. Plusieurs d’entre elles étaient présentes à la fête de la veille. Les autres, plus âgés, avaient l’air sérieux d’hommes et de femmes d’affaires....Enfin, peut-être que homme d’affaire n’était pas le terme approprié mais en tout cas, ces personnes avaient l’air très sérieuses...un peu comme des policiers. Aku n’arrivait pas à mettre le doigt sur le terme précis, mais bon. Ils avaient tous l’air très déterminé...

Le jeune homme s’avança jusqu’au bout de la table, vers la seule place libre qui lui semblait destinée...enfin, destinée à Nami...mais trêve de nuances...Lorsqu’il fut installé, il constata avec angoisse que toutes les personnes présentes dans la salle avaient les yeux rivés sur lui...Très désagréable...et surtout, très angoissant...

Avec un frison de panique, Aku balaya la salle du regard afin de trouver un quelconque support, peut-être un indice qui lui permettrait de savoir ce qu’il venait faire ici et ce qu’il devait dire à ces gens...

Une jeune fille aux longs cheveux noirs pris finalement la parole, l’air intriguée.

- Pourquoi tant de mystère, Nami?

Elle laissa échapper un rire léger, puis continua sur sa lancée :

- D’habitude, tu commences la réunion aussitôt qu’on est tous présents, non?

Elle tourna la tête vers un blond qui était assez à côté d’elle, lequel s’empressa d’acquiescer d’un air entendu.

- Sakura a raison...
- Alors...est-ce que quelque chose d’important s’est passé pour que tu ménages ton effet à ce point?

Aku était pétrifié. Que répondre à cela???

- Ano...
- Et bien, arrête de tourner autour du pot le nain! Lança Yukimara d’un air agacé.

« Ahaha! Le nain! » Aku s’esclaffa intérieurement...avant de se rappeler dans quelle situation délicate il se trouvait.

- Yuki, combien de fois est-ce qu’on t’a dit d’être plus respectueux envers les autres??? Déclara Aileen d’un air courroucé. Ici, c’est sérieux! Tu ne travailles plu seul! C’est pas ton petit entrepôt de marchandise volée! C’est la O.A.K! C’est sérieux!

« La O.A.K???!!!!??? » Est-ce qu’elle venait de dire « La O.A.K. »?!?!?!?!??!?!?!?!?!? Alors qu’Aileen continuait de sermonner Yukimara sur son attitude plus que déplaisante, que le voleur la regardait l’air de dire « tu n’es pas ma mère » et que les autres se regardaient l’air exaspéré, comme si cette situation s’était reproduite tellement de fois que c’en était presque devenu une routine, Aku contemplait le mur devant lui, l’air absent. Quelqu’un venait enfin de lui fournir les réponses qu’il attendait...et c’était encore mieux qu’un simple éclaircissement. C’était comme s’il était un gosse à qui l’on avait annoncé que Noël avait été avancé de deux mois...

Après une matinée des plus déplorables, il venait finalement de comprendre dans quelle galère il avait atterri...Auparavant, il avait trouvé Nami insupportable. Oui, il ne s’était jamais entendu avec lui, tout dans sa personnalité l’énervait, depuis son vocabulaire trop élaboré jusqu’à la détestable opinion qu’il avait sur le noble nettoyage qu’effectuaient les Kiras.

À présent, c’était une toute autre chose...Ça n’était plus qu’une simple petite rivalité de club d’escrime. Cela plaçait leur relation au niveau de celle d’ennemis, fatalement. L’un des deux devrait triompher de l’autre.

Et quelque chose lui disait que c’était lui qui était dans la bonne voie pour cela....Nami lui, s’il était bel et bien dans le corps d’Aku, à l’autre bout de Tokyo, n’avait pas eu la même chose...la seule personne à qui il aurait accès, c’était un Dieu de la mort bien trop ennuyé pour lui dire quoi que ce soit...tandis que lui, il avait eu de la chance dans sa malchance. Il était tombé sur une panoplie de gens qui étaient à son service, et s’il jouait les bonnes cartes, il pourrait facilement découvrir toutes les informations dont il avait besoin.

Peut-être même, et à cette pensée, une vague d’excitation malsaine envahit Aku, que s’il appuyait au bon endroit, la O.A.K s’écroulerait sur elle-même sans qu’il ait eu besoin de faire quoi que ce soit de trop difficile...il suffisait d’observer et de tirer sur les bons fils. À ce moment-là, il pourrait enfin dire que son idéal commençait à prendre forme.

- Nami?

Aku cligna des yeux, revenant finalement à la réalité. Apparemment, Aileen/Sarah avait fini de sermonner Yukimara et une fois le silence retombé sur la petite assemblée, tout le monde s’était naturellement tourné vers leur chef qui n’avait toujours pas soufflé mot. Les visages tournés vers lui n’avaient plus l’air si hostile, maintenant. Ils avaient pris un tout nouveau sens pour le Kira. Il balaya la salle du regard avec une assurance toute renouvelée.

« La O.A.K! » Pfff! Une bande d’adolescents, une dizaine jeunes adultes et encore moins d’adultes d’âge mûre. Qu’est-ce que c’était que cette organisation? Aku réprima un rire semblable au rire de dément qu’il avait laissé échappé environ un an plus tôt, lorsqu’il avait découvert son Death Note.

- Ah, gomen! Fit-il d’un air faussement contrit. J’étais perdu dans mes pensées.

Il fit un sourire qu’il savait convainquant puis enchaîna :

- Je n’ai malheureusement pas de nouvelles à vous donner cette semaine...
- Hein?? S’exclama Yukimara avec mauvaise humeur. Mais tu aurais pu nous prévenir! Tu sais à quelle heure je dois me lever pour venir à tes saletés de réunions le samedi matin???!!!
- Yuki...Commença Aileen d’un ton menaçant.
- Excuse-moi, Nami...fit Nahe. Le punk tourna son regard vers la jeune femme, l’air intrigué. Alors comme ça, elle aussi faisait partie de la O.A.K?

- Yukimara l’a dit d’une façon plutôt rude mais...c’est vrai que c’est surprenant...d’habitude, tu nous tiens au courant de plein de petits détails, significatifs ou pas...

Comme pour tempérer la remarque, elle s’empressa d’ajouter :

- Ne pense pas que je sois en train de te reprocher quoi que ce soit...tu fais toujours du bon travail. Mais ce que le moral est plutôt bas, ces temps-ci...

La plupart des autres approuvèrent en un murmure, l’air sombre.

- Depuis l’affaire d’Eiko...

À ces mots, Aku sentit une colère sourde monter en lui et ses lèvres se tordirent en un rictus haineux. Le blond s’empressa de le transformer du mieux qu’il put en un sourire qui avait bien plus l’air d’une grimace que d’autre chose. C’était vrai. C’était la O.A.K qui leur avaient pris Eiko. C’était leur faute. C’était eux qui jetaient une ombre sur son magnifique idéal d’un monde sans criminalité. Maintenant, une détermination ferme montait en lui.

- Oui, bien entendu....

Il se leva et leur fit dos, comme s’il avait été en proie à une grande amertume...En fait, c’était une attitude très crédible qu’il venait d’adopter car Nami avait très mal réagit au fait qu’Eiko leur ait échappé d’un cheveu. Mais ça, le punk ne pouvait pas le savoir. C’était un coup de chance bien heureux. Il fit quelques pas jusqu’à la baie vitrée qui surplombait le centre ville de Tokyo. Il était tôt mais déjà, il fourmillait de gens...même en un samedi matin pluvieux comme c’était le cas. Du haut du cinquantième étage, on pouvoir voir des dizaines de petits points multicolores se promener sur les trottoirs inondés d’eau, un pour chaque parapluie qui se baladait au centre ville.

La pluie tambourinait sur la vitre avec une constance déprimante. C’était à se demander si le soleil n’allait jamais revenir...Aku contempla son visage dans la vitre rendue presque opaque par la pluie...un sourire malsain déformait le visage angélique de Nami...on aurait presque dit une autre personne. Il était temps de faire un peu ménage dans la O.A.K....


....


Nami jeta un regard horrifié au shinigami. Que répondre à ÇA??? Bien sûr qu’il n’était pas Aku! La créature n’était pas stupide...il....ou elle...avait bien remarqué que le propriétaire du Death Note agissait de façon très étrange, ce matin...Malgré tout les efforts que Nami avait fait pour paraître naturel, c’était voué à l’échec. Comment agir de façon « Naturelle » quand une chose cauchemardesque dont on ignore le nom flotte dans votre supposé appartement??

L’expression du présumé Aku ne fit qu’à nouveau déclencher le rire de Ryuk. Le dieu de la mort n’avait absolument aucune idée de ce qui se déroulait dans le petit appartement...mais il s’amusait follement.

- Tu n’es pas obligé de me dire qui tu es...mais tu peux au moins arrêter de faire semblant d’être Aku. Kukuku...

Nami déglutit avec difficulté.

- Comment....?
- Comment j’ai su?

Nouveau ricanement.

- C’était bien trop évident. Tu n’agis pas du tout comme Aku..

Le blond soupira en retirant une mèche humide qui lui barrait la vue.

- Shinigami-san...tu vas me dénoncer aux autres Kiras?

Ryuk eut l’air perplexe et surpris, mais flatté aussi. « Shinigami-san »?? Aku n’avait jamais eu autant de respect pour lui...

- Hmmm...Non. Il rit à nouveau, puis continua.

- Qui que tu sois, et peut importe la façon dont tu t’es retrouvé ici, la situation risque d’être amusante à voir évoluer. Aucune chance que j’interfère, crois moi.

L’ombre d’un sourire passa sur les lèves de Nami.

- Arigatou gozaimasu...

Ryuk observa d’un air sérieux la personne qui semblait être Aku.

- De plus en plus étrange...si tu veux passer inaperçu, tu devrais éviter d’agir de la sorte...c’est totalement antiAkuesque comme attitude...

Nami cligna des yeux, surpris. « AntiAkuesque »???

- Ano...doumoarigatou......mais...pourquoi est-ce que tu me donnes des conseils?
- Kukuku...j’en sais rien..tu me sembles sympathique..

Un silence s’installa entre l’humain et la créature. Puis, après que minutes, le shinigami se remit à parler.

- Je t’ai dit que tu n’étais pas obligé de parler...mais je suis curieux...J’aimerais comprendre...

Nami leva les yeux du death note qu’il s’était remis à observer durant la période de silence. Une expression indéchiffrable s’étalait sur son visage.

- J’imagine que je peux te parler, shinigami-san...
- Je m’appelle Ryuk.
- Ryuk, rectifia Nami. En guise de remerciement pour ne pas balancer mon identité aux autres...

Ryuk parut ravi. L’adolescent alla s’installer sur le lit du punk, puis commença à raconter son histoire...du moins, ce qui lui était possible de raconter, ce qu’il comprenait: qui il était, d'où il venait, la soirée de la veille, sans bien sûr entrer dans les détails personnels, et comment il s'était réveillé, le matin même, dans le corps d'un autre...


....


Dans un magasin d’ésotérisme, dans le quartier bas de Tokyo, une vieille femme lisait le journal avec distraction, buvant une tisane aromatique aux vertus apaisantes.

Citation :

COUP DE FOUDRE
Par Sawada Ikki

« La foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit. » Rien ne vaut un adage populaire que tout le monde connaît par cœur. Pourtant, et je l’avoue très souvent dans le cadre de mon métier, l’on est souvent déjoué par les apparences et les on-dit. Dans la nuit du 14 au 15 mai, la foudre s’est bel et bien acharné à deux reprises sur un petit restaurant que rien ne destinait à un tel coup tordu du destin. Les employés finissaient de nettoyer la salle après une petite fête privée qui avait eut là, pour fêter l’anniversaire d’un adolescent. Une soirée des plus normal pour Namikawa-san, 47 ans, qui avait l’habitude d’accueillir les petites fêtes privées dans son établissement. D’après les victimes de la catastrophe, la foudre se serait abattue sur la bâtisse aux alentours d’une heure et demi du matin, déclenchant une grande pagaille et le début d’un incendie. Quelques minutes plus tard, alors que les pauvres employés s’empressait de faire appel aux secours, la foudre s’abattit à nouveau sur le petit restaurant. Le feu fut difficilement maîtrisable. Les pompiers l’éteignirent après une longue heure d’acharnement. Les dégâts sont de l’ordre de plusieurs centaine de milliers de yens et plusieurs brûlures graves ont été infligés aux personnes présentes. Heureusement, aucune d’entre elle n’est décédée à la suite de ces blessures. Ce qui sort de l’ordinaire, outre le fait que la foudre ait frappé deux fois au même endroit, c’est le fait que l’incendie ait pris tant de temps avant d’être maîtrisé. N’oubliez pas les trombes d’eau qui tombe sur notre chère ville depuis belle lurette. Il y probablement une explication scientifique à cette histoire. Nous n’avons plus qu’à patienter pour en connaître le fin mot. 

La vieille femme termina sa lecture, un air perplexe sur le visage...la foudre...deux fois au même endroit....Elle pencha la tête sur le côté, comme pour se rappeler quelque chose d’important. Son regard s’illumina au moment où elle mit finalement le doigt sur ce à quoi elle tentait de se raccrocher. Au moment où elle se levait du fauteuil où elle était assise, elle entendit un bruit de vers brisé venant de l’arrière boutique.

- Tamaki...grogna-t-elle entre ses dents.

Et comme si ce commentaire avait été entendu, une plainte se fit entendre de l’arrière boutique :

- Gomen, obaasan!!!!

La vieille femme déposa le journal sur la petite table qui se trouvait à la gauche du fauteuil puis se dirigea vers l’arrière boutique, faisant tinter ses nombreux bracelets et pendentifs. Une fois dans la réserve, elle constata avec découragement que son petit fils avait à nouveau mis sa maladresse à contribution et qu’il avait laissé tombé une boîte remplie de la toute dernière livraison de flacons en tout genre…

- Tamaki, mais qu’est-ce que je vais faire de toi…soupira la vieille femme.
- Je suis désolé, Obaa-san…

Le blond baissa les yeux vers les débris de verre qu’il s’affaira déjà à ramasser avec un petit balais et un porte-poussière.

- Il faudrait que tu apprennes à être moins distrait! Tu vas me ruiner avec toutes tes gaffes!

Takami fit la mou, l’air chagriné.

- Je sais Obaa-san, je suis désolé…

La propriétaire du magasin sembla s’adoucir et ébouriffa les cheveux de son petit fils.

- Tu sais bien que je ne peux pas être fâchée contre toi très longtemps…

Elle s’éloigna pour aller consulter l’inventaire. L’intuition qu’elle avait eue ne pouvait pas être fondée. Elle avait bien en tête une explication pour le phénomène étrange qui s’était produit la nuit dernière, mais celle-ci ne pouvait être confirmée que si certaine conditions étaient réunies… La foudre qui s’abat deux fois au même endroit…c’était déjà arrivé une fois, mais dans un champ isolé alors personne n’en avait vraiment fait état dans les médias…aucun témoin mis à part deux personnes qui avaient plutôt eu intérêt à ne pas ébruiter l’affaire.

Oui, c’était un évènement que Kishimoto Chiori se rappelait car ils dataient de sa jeunesse…en fait, elle les avait vécu elle-même…plus ou moins directement. Lorsqu’elle eut trouvé la page qu’elle cherchait, elle poussa un soupir mi-agacé, mi-soulagé. Tout était en ordre. Elle n’avait pas vendu de cette potion dernièrement. Mais alors….

- Tamaki, dit-moi, aurais-tu vendu une potion « âmes jumelles » quand je t’ai confié la boutique, la semaine passée?
- Ehh? Fit-il d’un air surpris, creusant ses souvenirs. Non, je ne crois pas…

Elle fronça les sourcils, examinant quelques étagères qui se trouvaient près d’elle comme si la solution à l’énigme s’était trouvée là.

- Pourtant… Je suis sûr que c’est une conséquence de cette potion…

Tamaki regarda sa grand-mère d’un air intrigué. Elle avait bien plus l’air de se parler à elle-même que de lui parler à lui….Le jeune homme se leva et alla jeter les débris de verre dans une poubelle tout près de la porte. Il se grata le menton puis demanda :

- La potion « âmes jumelles », c’est bien la potion rose qui se trouve sur cette étagère? Demanda-t-il en se grattant la tête.
- Non Tamaki, ça c’est l’Élixir de Vérité.

Le DJ eut l’air confus.

- V-vraiment??

Au ton inquiet qu’employait son petit fils, la vieille femme leva les yeux vers lui et le fixa d’un air inquisiteur.

- Tamaki, est-ce que tu me caches quelque chose??

Le blond eut l’air affolé qu’il arborait toujours lorsqu’il savait avoir commis une gaffe.

- Obaa-san, je…je suis désolé! Je crois que je me suis trompé en déchargeant la livraison, lundi passé…Je crois bien…avoir mis des fioles bleues à la place de l’Élixir de Vérité.

Soudain, le souvenir d’un adolescent plutôt désagréable revint à Chiori. Il était accompagné d’une fille blonde et ils avaient acheté…

- NON!!

La grand-mère passa la porte de l’arrière boutique avec une vitesse surprenante et s’arrêta quelques secondes plus tard devant l’étagère où elle avait surpris les deux adolescents, au début de la semaine…sur l’étagère où était collée la petite affichette annonçant « Elixir de Vérité » trônait quatre flacons de liquide bleuté.

- TAMAKIIIIIII!

Le cri fit sursauter quelques passants qui tournaient au coin de la rue. Le blond arriva aux côtés de sa grand-mère, les traits défaits par l’embarras et la panique.

- TU TE RENDS COMPTE DE CE QUE TU AS FAIT, TAMAKI???

Le jeune homme hocha la tête honteusement.

- Je suis désolé, Obaa-san…je n’ai pas fait attention…j’ai simplement échangé deux…
- CE N’EST PAS UNIQUEMENT QUESTION DE L’ÉCHANGE!!!

Tamaki regarda sa grand-mère avec un brin de curiosité derrière son expression honteuse.

- Deux personnes sont venues ici, lundi passé. Deux adolescents…l’un d’eux, le jeune homme, a pris un flacon de la potion « âmes jumelles » en croyant qu’il s’agissait d’un Elixir de Vérité. Bien entendu, tu connais la politique de la boutique, il a dû l’acheter. J’étais préoccupée ce jour-là. J’ai eu une sorte de vision...
- Ah oui? Coupa le DJ d’un air curieux.
- Oui mais ça n’est pas ça le plus important! Ce qui est important, c’est que j’étais distraite et que je n’ai pas remarqué que ce que je leur vendais était une potion « âmes jumelles » et non pas un Élixir de Vérité. C’est un peu ma faute, donc. Mais…toi, Tamaki! Tu vas devoir retrouver ces deux personnes!

Le blond eut l’air choqué.

- Mais-mais-mais comment??? Combien de chances y a-t-il pour que je retrouve deux personnes que je ne connais même pas à Tokyo??!!!
- Je vais te les décrire…Le jeune homme était brun, environ cette taille, environ 15 ou 16 ans je dirais…et je crois que la jeune fille l’a appelé « Yuki »… Ah oui! La jeune fille! Elle était blonde et elle portait une croix sous son œil droit…

Cette description frappa Tamaki et il s’exclamma :

- Attends Obaa-san! J’ai vu une fille avec une croix à la fête où j’ai fait le DJ, hier!

Chiori fut surprise mais pas autant que son petit fils. Elle n’était pas surprise outre mesure par le rôle inattendu que prenait Tamaki dans la situation qu’il avait contribué à créer.

- Vraiment? Et où avait-elle lieu, cette fête??
- Dans un petit restaurant…

La vieille femme sourit puis lança avec détermination:

- Et bien Tamaki, tu vas devoir retrouver cette fille! Ensuite, nous allons essayer d’inverser ce qui a été fait!

….


- Nami ?

Après avoir mis fin à la réunion, Aku fut abordé par Aileen ou Sarah-chan, il n’était plus certain de savoir comment l’appeler…

- Aileen ?

Elle lui fit un sourire timide.

- Dit, puisque la réunion a terminé plus tôt…tu veux bien…euh…

Aku se doutait bien de ce qui allait suivre mais il avait vu Matsumoto agir auprès d’elle, et il ne pouvait pas se permettre d’avancer la discussion. Il prit donc un air aussi gêné que celui de l’adolescente.

- Oui ?
- Euuuh….je…
- Elle veut que tu viennes traîner avec nous, putain ! C’est pas compliqué, crache le morceau Aileen ! Lança Yukimara qui vint s’incruster à la conversation.
- Yuki !!! Fit Aileen en rougissant.
- Ah, avec plaisir ! Répondit Aku avec une grande exaspération intérieure. Les adolescents ! Quelle plaie !
- Je te l’avais dit Aileen ! C’était sûr qu’il allait accepter. Bon, on y va ??
- La ferme Yuki !!
- Laissez-moi juste une minute pour prévenir Ren et j’arrive !

Le punk alla trouver le majordome de Nami et lui expliqua qu’il allait passer du temps avec « ses amis ». Ren hocha de la tête et lui rappela que s’il avait besoin de quoi que ce soit, il n’avait qu’à appeler sur son téléphone portable. Aku ne put se débarrasser de l’impression de mal aise qu’il ressentait en présence du majordome. On aurait dit qu’il savait qu’il n’était pas Nami…C’était une sensation des plus désagréable et troublante, qui plus est. Surtout considérant ce que le chef des Kiras s’apprêtait à faire.

…Non ! Je ne parle pas d’aller manger au restaurant avec ses « amis », mais plutôt le plan de destruction de la O.A.K ! Qu’est-ce que vous vous imaginez ?

Aku retourna auprès des deux adolescents et ils partirent tous les trois en direction de l’ascenseur…Décidément, il aurait mieux fait de réfléchir et de décliner cette proposition. Il aurait largement pu profiter de cette occasion pour explorer un peu le QG de ses ennemis mortels afin de mettre la main sur le plus d’information possible. Mais bon ! Pourquoi est-ce qu’il s’inquiétait ?? Il était le chef de la O.A.K, après tout ! Il avait bien le droit de venir faire une petite visite ! Mais bon ! D’un autre côté, il devrait probablement se farcir les cours de Matsumoto et des tas d’autres choses qu’il n’avait pas prévu.

Le blond balaya ces pensées avec désinvolture. Ça n’était pas indispensable ! Et puis, Matsumoto pouvait bien se payer une crise d’adolescence tardive, non ? À cette pensée, il éclate presque de rire…il se retint de justesse en se rappelant qu’il était accompagné.

Yukimara et Aileen firent l’essentiel de la conversation…en fait, ils passèrent presque la totalité du chemin qu’ils parcoururent pour rejoindre le petit restaurant à se chamailler pour des broutilles…Aku ne les écoutait pas trop. Secrètement, il élaborait des schèmes maléfiques pour faire tomber l’Organisation Anti-Kira. La première qui lui vint en tête fut l’idée de livrer les noms des membres de la O.A.K. à ses collègues Kiras…le seul hic, c’est qu’il n’avait aucune façon de les contacter…il n’avait jamais échangé un seul numéro de téléphone avec personne…ils étaient tous trop paranoïaque. La seule personne en qui il avait suffisamment confiance, c’était Edan. Malheureusement, Aku n’avait jamais pris le temps de mémoriser son numéro de téléphone et il dormait tranquillement dans son propre portable…lequel se trouvait dans son appartement…qui était maintenant probablement occupé par Matsumoto lui-même.

Il était également hors de question qu’il se pointe au QG des Kiras…le seul fait de penser aux sœurs Koyama qui montaient tour à tour la garde devant l’écran qui transmettait fidèlement les images de la caméra postée à la porte d’entrée suffisait à le dissuader. Il se souvenait très clairement la réunion dans laquelle, peu après la mort d’Eiko, ils avaient décidé à l’unanimité que ceux d’entre eux possédant l’œil du shinigami devraient monter la garde. Les sœurs Koyama étaient les seules à posséder l’œil. C’était donc à elles qu’incombait la tâche. Même si c’était laborieux et ennuyeux, en soi, de devoir surveiller une ruelle pour l’essentiel déserte, elles ne s’étaient jamais plaintes…du moins, pour ce que Aku savait. Il fallait bien que quelqu’un fasse la basse besogne…Et ça n’était certainement pas lui qui allait la faire ! Si ces filles étaient assez cruches pour diminuer leur espérance de vie de moitié, il n’y avait aucune raison pour que ce « don » ne serve pas à la cause des kiras !

Une fois au café, les trois adolescents s’installèrent à une table près d’une fenêtre et ils délibérèrent (par « ils », j’entends d’avantage Aileen et Yukimara) pour savoir qui allait commander les boissons…Aku se leva finalement, intérieurement poussé à bout pour aller chercher les commandes des deux autres imbéciles…

- Bonjour, fit-il en s’adressant à la serveuse, je voudrais un chocolat chaud, un café décaféiné et un expresso s’il-vous-plait.
- Et bah dit donc, Nami-chan ! Il est passé où, ton thé ?

Aku tourna la tête vers un homme blond qui se trouvait à côté de lui, assit au comptoir devant une dizaine de tasse de café vides…Le punk haussa les sourcils… D’après le ton qu’employait cet individu, il était certain que c’était une connaissance de Matsumoto…Mais quelque chose lui disait que ça n’était pas un ami. Même pour Aku, se faire appeler « Nami-chan » alors qu’il se trouvait dans le corps de Matsumoto avait quelque chose d’insultant.

- Haha..très marrant. Laissa tomber le punk d’un ton sarcastique.
- C’est marrant de se retrouver ici, non ? Fit l’autre comme si de rien n’était. La dernière fois aussi c’était dans un restaurant, non ?

Il but une gorgée de café puis fit un sourire moqueur.

- C'est moi ou tu ne te souviens pas ? Eikichi, ça te sonne des cloches ?
- Non, je me rappelle très bien de toi ! Mentit Aku. Décidément, ce type lui tapait sur les nerfs.

Eikichi laissa échapper un ricanement puis revint à la charge en regardant les commandes que la serveuse venait d’apporter.

- Mais t’as pas honte de commander un décaf ? C’est du sacrilège !
- Ce n’est pas pour moi, c’est pour cet idiot ! Fit-il en pointant Yukimara du coude.

Le journaliste jeta un coup d’œil vers la table et un sourire moqueur illumina à nouveau son visage.

- Et la demoiselle, c’est ton « rendez-vous scolaire » de l’autre fois ?
- Non, aucunement. Ce n’est qu’une…

En fait, Aku ne savait pas trop comment qualifier Aileen…Ce détail n’échappa à Eikichi qui demanda :

- Dit, Nami-chan, c’est ta petite copine ?
- Non. Bon, je vais leur apporter leurs boissons avant qu’ils s’entretuent !

Le punk attrapa le plateau contenant les trois boissons puis se dirigea vers la table où il avait laissé les deux autres. Eikichi le suivit du regard en se disant qu’il semblait différent de l’autre fois où il lui avait parlé…Le journaliste haussa les épaules. Les gosses !


…

Ryuk resta silencieux pendant plusieurs minutes...il ne s’était pas privé de poser autant de question qu’il le fallait durant l’explication de Nami.

- Alors, tu es ce gosse qui s’était battu contre Aku au club d’escrime...si mes souvenirs son exacts, tu détestes Kiras non ?

Il se mit à ricaner.

- Hmm..En fait, je déteste la façon qu’il a de se mettre au dessus des autres, c’est tout...rectifia Nami.

Le shinigami croqua dans une pomme qu’il était allé chercher, entre temps.

- Tu sais quoi ? Ce jour là, vous m’avez vraiment fait penser à Raito et L....la même façon de toujours chercher à avoir l’avantage sur l’autre...comme si vous vous battiez pour savoir qui était le meilleur...

Un sourire indéchiffrable apparu sur les lèvres de Nami. Et puis, pourquoi ne pas lui dire ? Ce shinigami avait écouté toute son histoire et il avait même l’air intéressé...Il n’était pas la créature inhumaine qu’il s’était imaginée...

- J’hésitais à en parler mais bon...Ryuk, en fait, je suis le chef de la O.A.K.

Ryuk figea, arrêtant de mastiquer la pomme qu’il avait avalée d’une traite.

- Kukuku...si ce que tu me dis est vrai, alors c’est exactement la même histoire qui recommence.
- Seulement, cette fois, c’est de savoir qui va réussir à arrêter l’autre malgré la situation quelque peu singulière...
- C’est ce que je dis, la même histoire.