Un petit restaurant bondé [Pv- Eikichi]

Il était environ midi et le petit restaurant situé sur le coin d’une rue du centre ville était bondé, comme d’habitude. Toutes les tables étaient occupées et il ne restait que quelques places au comptoir où deux serveuses s’affairaient, l’air extrêmement stressé. Deux autres faisaient les allées retour entre les tables et la cuisine pour aller servir ceux qui restaient assis à leur table. Des clients entraient et sortaient, libérant des places qui se remplissaient au fur et à mesure. Au dessus du comptoir, une télévision diffusait des nouvelles, mais personnes ne pouvait réellement comprendre ce qui se disait à cause du bruit ambiant.

Nami n’appréciait pas trop ce genre d’ambiance surchargée où on avait que très peu d’intimité, et où, qui plus est, on avait peine à s’entendre penser. Il n’était pas venu dans ce restaurant par pur plaisir. À dire vrai, il devait effectuer un travail scolaire...en équipe. Habituellement, Nami préférait largement travailler seul. Mais c’était un travail imposé, donc il n’avait guère le choix. Encore-là, il aurait probablement travaillé avec Nahe, avec qui il s’entendait de mieux en mieux depuis qu’elle était dans la O.A.K. Mais leur professeur avait décidé qu’il était temps de « prendre sa classe en main » et « d’imposer une nouvelle dynamique à la classe. » Aussi, il avait décidé de choisir lui-même avec qui les étudiants allaient effectuer ce travail. Sa coéquipière, une adolescente d’un an son aînée appelée Akane, lui avait donné rendez-vous dans ce petit restaurant afin de décider sur quoi porterait leur travail et les modalités de travail (lieu de rencontre, etc.) Nami avait fait valoir que la bibliothèque publique du quartier aurait tout aussi bien fait l’affaire, mais Akane avait insisté en disant que le restaurant appartenait à son oncle, et qu’ils y seraient à leur aise. Nami en doutait, mais il avait tout de même accepté...Il commençait à le regretter, maintenant. Surtout que l’adolescente ne se trouvait nulle part dans ce restaurant bondé. Tout en soupirant, l’adolescent s’avança dans le restaurant afin d’en dégager l’entrée qu’il avait temporairement bloqué en scrutant la salle.

La seule place disponible à ce moment-là était un petit tabouret au comptoir, à côté d’un jeune homme aux cheveux blonds. Nami parcouru donc la distance qui le séparait de la place en question. Une fois arrivée à là hauteur de l’homme, il demanda :

- Excusez-moi, cette place est-elle prise?


HJ: J'espère que ça te convient Eikichi ^^

[C'est parfait ^^, je place un sujet de manière à intéresser Nami muhu.
Eikichi a vraiment l'air con dans ce message ... Désolée, c'est n'importe quoi xD (ouais, Eik connaît tout l'monde X) m'enfin j'ai dit dans son BG qu'il mangeait toujours au resto)]

Matsuyama-kun se retourna vers le gamin qui l'abordait, puis acquiesça d'un bref hochement de tête. Il reporta alors son regard sur le journal déplié devant lui. La page ouverte présentait un de ses propres articles (celui sur l'enlèvement des deux étudiants japonais) juxtaposés à d'autres concernant Kira et l'Organisme Anti-Kira. Ces textes qui n'avaient en apparence aucun point commun (que ce soit la police ou les journalistes, nul n'avait su relier l'enlèvement aux enquêtes sur la O.A.K., ce qui n'avait rien d'étonnant vu le manque d'éléments présents sur les lieux) étaient du même auteur : Sawada Ikki. Il s'agissait en réalité d'Eikichi : ce dernier occupait sa journée de repos à relire les vieux articles publiés quelques jours plus tôt, vérifiant qu'il n'oubliait pas de détail important.
"Je suis allé directement sur les lieux après ce fameux coup d'fil, mais il n'y avait rien ... Juste des traces de pneu et un stylo" déclara Eiki en sirotant son verre. Une serveuse l'écoutait à peine, plaçant des "oui ... vraiment ?" évasifs en revers de phrase. Elle avait sans doute mieux à faire - essuyer la vaisselle par exemple - mais le journaliste s'en moquait. Du moment qu'elle faisait semblant de l'écouter, ça lui suffisait amplement. Parler aux murs ne le dérangeait pas. C'était même devenu une habitude pour Eikichi.

"Je n'me voyais pas faire toute l'université pour identifier le propriétaire d'un stylo alors j'ai jeté l'éponge. Cet enlèvement est bizarre ... On ne connaît même pas les victimes !" s'exclama le jeune homme en louchant dans son verre. Il reprit d'une voix tranchante :
"La Police a vite abandonné. Elle pense que le témoin a - je cite - mal interprété la scène. Tu parles ... Quelles foutaises ! Un ami qui bosse dans l'automobile m'a affirmé que certaines traces de pneus ressemblaient aux roues d'un nouveau modèle de limousines."
Le japonais tapota des doigts contre l'article en question. Cet élément prouvait qu'une partie du témoignage était véridique, mais l'enquête ne progressait pas. Dans le fond cela ne le concernait pas ... Mais Eikichi s'intéressait toujours aux articles qu'il écrivait. Il s'en mordrait les doigts jusqu'à ce que cette affaire soit résolue dans ses moindres détails.
*Mon prochain article est sur Kira. Tant mieux, ça me changera les idées*
Le jeune homme soupira et referma le journal qu'il glissa dans un attaché-caisse noir. Il régla son repas puis enchaîna, dans un infatigable élan de sociabilité : "Assez parlé de ça. Je peux vous inviter à dîner quelque part ce soir ? Vous n'travaillez pas je crois ?"
La serveuse releva le menton puis bredouilla, confuse : "Non ... euuuh, je n'voudrais pas vous embarrasser ..." elle reprit devant la mine étonnée du journaliste : "C'est un rendez-vous, non ? Vous savez ... vous avez du mal à vous remettre de votre rupture avec mademoiselle Nagasawa. Je n'veux pas gâcher vos chances de la reconquérir !"

Eikichi haussa un sourcil soupçonneux. C'était quoi cette réponse ? Il avala cul sec son fond de verre pour contester : "Hein ? Mais je suis totalement remis de ma rupture !"
"Euuuuh ... C'est que je n'suis jamais sortie avec des hommes de cinq ans plus âgés ..."
"Ca va. J'ai compris. C'est un râteau, c'est ça ?" répliqua le journaliste vexé. Il plissa les yeux pour foudroyer la jeune femme (dont le visage s'était teinté de rouge) mais son côté irresponsable reprit finalement le dessus. Matsuyama-kun esquissa un sourire amusé et commanda un café pur arabica. La serveuse s'empressa de quitter le comptoir pour partir on n'sait où. L'homme s'accouda alors contre la table et passa une main dans ses cheveux ; ses yeux bleus se posèrent alors sur le gosse. Tiens, il l'avait inconsciemment ignoré depuis son arrivée ? Ah ... Dire qu'à son âge, il étudiait sans répis pour réussir des épreuves qui le dépassaient complètement. Mais c'était loin tout ça. Il avait déjà 28 ans. Merd* ... qu'est-ce qu'il se faisait vieux ! Le sourire d'Eik s'étira. Pas étonnant qu'il enchaîne les râteaux : mentalement, il n'avait pas grandi d'un millimètre et se comportait comme un gamin.
"Dis-moi, qu'est-ce que tu fiches ici le mini-gnome ? T'as pas un devoir à bosser ?"
Eikichi cala son menton contre la paume de sa main droite. Alors il venait, ce café ?

L’homme aux cheveux affirma d’un hochement de tête que la place était vide. Nami y prit donc place sans plus de cérémonie, puis consulta le menu avec un enthousiasme questionnable. Il n’était pas venu là pour manger, mais comme c’était un restaurant, il devrait consommer quelque chose en attendant Akane.

« Kawai! *o* »

Nami leva les yeux par habitude : il n’était pas rare d’entendre cet adjectif sortir de la bouche de filles un peu plus âgées que lui, et manque de veine, c’était souvent pour le qualifier lui. Inutile de dire qu’il n’appréciait pas du tout cette appellation…Cette fois, c’était une des serveuses qui avait laissé échapper cette phrase, et manifestement, elle le concernait bel et bien lui. Elle s’était approchée de lui, les yeux brillants et tout sourire :

« Que puis-je te servir, mon garçon? Un jus de fruit? Une tarte aux pommes? »

- Je vais prendre du thé, merci.

Fit-il d’un ton assez froid-merci! La serveuse eut l’air surprise, et Nami se doutait bien qu’elle ne comprenait pas pourquoi un « petit garçon tout mignon » commandait du thé, et encore moins il avait l’air de si mauvaise humeur. Elle acquiesça puis s’éloigna d’un pas sautillant. Nami poussa un soupir excédé et s’accota sur le comptoir. L’homme assis à côté de lui discutait avec l’autre serveuse qui l’écoutait à peine, et une kyrielle de papiers, qui semblaient être des articles de journaux, étaient posés sur le comptoir devant lui. Nami n’y porta pas une très grande attention, jusqu’à ce que l’homme déclare : « Je suis allé directement sur les lieux après ce fameux coup d'fil, mais il n'y avait rien ... Juste des traces de pneu et un stylo. »

L’adolescent, eut-il été moins habitué d’entendre parler de la O.A.K lorsqu’il était en public, aurait probablement réagit plus fortement. Il se contenta cependant de jeter un bref regard à son voisin. Sans en avoir l’air, il venait de se mettre à l’affut de la conversation.

L’homme blond se lança alors dans une explication concernant un stylo trouvé dans l’herbe, et des traces de pneus pouvant appartenir à une limousine. Apparemment, ses hommes avaient négligé de ramasser le stylo qu’Eiko avait utilisé pour tenter de le tuer. Alors il parlait véritablement de l’enlèvement d’Eiko...mais qui était cet homme pour avoir enquêter alors même que la police avait prêté peu d’importance à ces propos?? Nami risqua un autre regard sur les articles de journaux étalés sur le comptoir. Parmi eux, l’attention du chef de la O.A.K fut attiré par un en particulier. C’était un article sur l’enlèvement d’Eiko. « Sawada Ikki...pensa Nami. Ce nom me dit quelque chose. » L’adolescent eut un flash. C’était un des nombreux journalistes qui supportaient Kira et qui avaient pris la O.A.K en grippe. À ce que Nami pouvait voir, tous les articles avaient été écrit par le même auteur qui, pas si longtemps auparavant, avait rédigé un article sur l’enlèvement d’Eiko et qui l’avait qualifié d’« adolescent blond d'une quinzaine d'années » (ce qui l’avait fait fulminé, même si on lui attribuait généralement un âge nettement inférieur).

Lorsque la conversation dériva sur un éventuel rencart, Nami décrocha totalement. La conversation ne l’intéressait plus. Il préférait réfléchir à tout ce qu’il venait d’entendre. Pourquoi cet homme avait-il une pareille collection d’article de Sawada Ikki? Il y avait trois hypothèses, dont deux pas très réalistes. La première était que cet homme était un passionné de l’affaire Kira, et qu’il collectionnait tous les articles concernant la dite affaire...peu probable, étant donné que personne n’avait pu lier la O.A.K et l’enlèvement. La deuxième était qu’il était obsédé par Sawada Ikki et qu’il ramassait tout ce qui pouvait avoir rapport à lui; encore peu probable et nettement terrifiant. La dernière hypothèse donc, et la plus raisonnable, était que cet homme était Sawada Ikki, et qu’il conservait tous les articles qu’il avait écrit. Si on prenait en considération le fait qu’il avait enquêté sur l’enlèvement d’Eiko, c’était l’hypothèse la plus plausible XD

« Dis-moi, qu'est-ce que tu fiches ici? T'as pas un devoir à bosser ? »

Nami leva la tête pour dévisager celui qu’il présumait être Sawada Ikki. Mais pour qui se prenait-il ??!!! ><

- Non! Fit-il d’un ton sarcastique. Je suis ici pour le décor!

La serveuse arriva avec le thé que Nami avait commandé et déposa du même chef une tasse de café devant son voisin.

« Un thé et un café pur arabica. Régalez-vous! »

Puis elle retourna s’occuper de d’autres clients. Nami reporta son attention sur l’homme blond.

- Trêve de plaisanterie; j’ai en effet un devoir à bosser, mais il se trouve que ma coéquipière m’a donné rendez-vous ici et qu’elle ne semble pas avoir la notion de ce que veut dire « être à l’heure. »

Dans la voix de l’adolescent, on sentait poindre une note d’impatience. Il aurait bien mieux préféré être chez lui, ou du moins, au QG de la O.A.K , à faire quelque chose d’utile plutôt que de se trouver dans ce petit restaurant avec un homme qui, presque certainement, était de ceux qui méprisait ce qu’il tentait d’entreprendre.

[Sorry, c'est court mais je suis prise d'une grosse flemme de poster en c'moment x_X]

"Oh, lorsqu'on s'assied dans un restaurant c'est généralement pour manger ... mais je n'savais pas qu'ils engageaient aussi des nains pour meubler les pièces" susurra Eikichi en toisant Nami de son regard hautain. Ces réflexions gratuites n'avaient vraiment rien d'aimable. Elles ne faisaient pas avancer la conversation d'un poil ... Où donc étaient passés ses beaux discours accueillants ? De quel mauvais pied s'était-il levé, ce matin ? Franchement. Faire d'un pauvre collégien son souffre douleur ... Ce n'était pas honnête. Le journaliste esquissa un signe de main pouvant se traduire par un laisse tomber, puis ricana. La serveuse approcha alors, plateau entre les mains, puis servit sa commande.

Matsuyama-kun jeta un regard soupçonneux vers son voisin de table lorsqu'il expliqua la raison de sa venue. Trêve de plaisanterie. Notion de ce que veut dire "être à l'heure". Vachement sérieux ce gosse ... On dirait presque un homme d'affaire. Encore un de ces petits génies élevés en rangs ? Ouais. Celui-là ne resterait pas drôle très longtemps.
"Qui sait ... Elle a peut-être raté son avion ? Si j'étais toi, j'annulerai mes prochains rendez-vous avec le PDG. Il se plaindra et remettra ta promotion en doute si tu le fais trop attendre !" reprit Eiki, le sourire jusqu'aux oreilles. Il se moquait ouvertement de son attitude pointilleuse ... Alors qu'il ne connaissait même pas son prénom, ah ah !
Le japonais souleva sa tasse de café pour en avaler une gorgée. Il regarda la télévision, essayant vainement de capter les informations (qu'il connaissait déjà de toute façon). Un homme d'une trentaine d'années agitait les mains dans tous les sens en secouant ses notes. Le sujet du journal semblait être l'incendie d'il y a deux jours, dans le centre de Tokyo. Un magasin de mode ravagé par les flammes. D'impressionnants stocks d'articles hors de prix partant en fumée. Pas de victime. Rien d'important en somme.

Jugeant les nouvelles d'une banalité déconcertante, le reporter retourna à la charge. Puisqu'il n'avait rien de mieux à faire ... "Baaah. Elle t'a juste posé un lapin ! C'est ça, les filles ... Elle t'appellera dans une demie-heure avec une excuse peu crédible ..."
Une excuse stupide de sims, du genre : Désolée !! Je ne peux pas venir, j'attends le réparateur de téléphone ! Matsu-kun savoura une nouvelle traite de café. Il tenta de reprendre un minimum de sérieux (tout d'même, ce gamin était plus raisonnable que lui) et demanda d'un ton innocent : "Alors ? Il est sur quoi au juste, ton devoir ?"
Il scruta le blondinet dans le blanc des yeux. Son regard pétillait de malice. Tiens, le nain d'jardin ne semblait pas apprécier ses répliques ! Aucun sens de l'humour ... !

[Pas de problème Et toi, excuse moi pour le délai ;_; ]


Nami dévisagea l’homme blond qui semblait prendre plaisir à le provoquer. Alors que l’adolescent s’apprêtait à lui répondre vertement, il lui fit un signe de la main voulant signifier de laisser tomber. Et puis quoi encore! Ça ne faisait que commencer! Si ce type s’imaginais que Nami allait se laisse traiter de nain sans réagir, il se trompait largement!

Après l’arrivée de la serveuse, les choses n’allèrent pas en s’améliorant. L’homme blond qu’il avait identifié presque à 100% comme étant Sawada Ikki continua à tout mettre en œuvre pour le provoquer. Il n’allait pas se laisser faire comme ça!

- Vous avez probablement raison...Mais un PDG peu bien attendre quand on se trouve en si agréable compagnie.

Laissa-t’il tomber d’un ton sarcastique, signifiant que la conversation ne l’intéressait nullement et qu’il trouvait que le présumé journaliste n’était pas digne d’intérêt. Nami contempla sa tasse de thé d’un air morose. Il perdait son temps dans cet endroit! L’homme blond lui adressa à nouveau la parole, après s’être brièvement intéressé au bulletin télévisé. Le chef de la O.A.K pris une gorgée de thé, pris son temps pour l’avaler, et répondit, tout en savourant son effet :

- Oui...Vous avez l’habitude de ce genre de chose, n’est-ce pas?

L’adolescent faisait évidemment référence au râteau qu’il venait de se prendre avec la serveuse. Nami n’avait pas l’habitude de jouer si bas, au jeu des mots. D’habitude, c’était plutôt des arguments plus murs et plus intelligents. Mais si cet homme désirait l’insulter, Nami allait riposter de la même façon et se mettre à son niveau.

Le journaliste sembla passer outre les commentaires désobligeants de Nami et lui demanda quel était le sujet de son devoir. L’adolescent le regarda droit dans les yeux et se mis à expliquer, comme si ils n’avaient échangé aucune insulte avant cela.

- Un compte rendu détaillé de la constitution américaine. C’est un devoir pour mon cours d’histoire international. À mon lycée, on juge que pour bien performer dans le monde actuel, il faut avoir une bonne connaissance des autres cultures parce que nous sommes en constante interaction avec elles. Différents pays ont été confiés à chaque équipe, et je suis tombé sur les États-Unis. Ça peut paraître lourd comme travail, mais je suis habitué.

L’homme blond allait probablement trouver bizarre que Nami ait se genre de devoirs si élaborés; après tout, il ne pouvait pas se douter qu’il avait sauté deux classe et que malgré ses 16 ans, il en était déjà à sa dernière année de lycée. Pour la majorité des gens, Nami avait l’air d’un enfant de entre 12 et 14 ans -_- Mais bon, le lycée de Nami en était un très réputé, et même les étudiants en première année de lycée avaient de gros travaux à remettre.

[Naon, je t'excuse pas muhuhu]

Vous avez l’habitude de ce genre de chose, n’est-ce pas?
Eikichi jeta un regard haineux vers le blondinet au sourire angélique. Aaaah, quel salopard ce gosse ! Profiter ainsi de ses faiblesses ... de ses échecs de coeur ... Et puis quoi, il l'espionnait ? De quel droit ce mioche écoutait-il ses conversations avec les jolies serveuses du restaurant ? Ok, Matsu' n'était pas très discret ... Mais tout d'même ! En parlant d'échecs de coeur, la serveuse n'avait pas tout à fait tort : le journaliste ne s'était pas complètement remis de sa rupture avec son ex-petite amie. Il regrettait toujours son départ. Même si deux mois - déjà deux mois ! - s'étaient écoulés depuis leur séparation, certains vides ne se comblaient pas. Matsuyama-kun avait beau se mentir en prétextant pouvoir sortir avec toutes les belles femmes de Tokyo s'il le désirait, ces rendez-vous ne lui apportaient aucune satisfaction. Bien au contraire. Ces regrets refoulés jouèrent sur l'attitude du reporter qui, pour une fois, laissa le point au gringalet. Il aurait pu répliquer quelque chose du genre : "Hé, t'inquiètes pas nabot ! Dans dix ans tu s'ras comme moi ... non. Vu ta taille, plutôt vingts."
Le blond s'en serait sûrement vexé. Mais peu importe ... Eikichi aurait bien d'autres occasions de rabaisser le gnome sur sa taille. Il ne faisait que retarder l'échéance.

Lorsque ce sale gosse expliqua le contenu de son devoir d'histoire, Matsu' manqua de s'étouffer avec son café. La constitution américaine ... ouaaaaw ... il ne rigolait pas.
"Quoi ? Tu bosses sur ça toi ? Bon sang ... t'es en quelle classe ?" demanda Eik en le dévisageant. Il ne lui donnait pas plus de quatorze ans. Peut-être quinze. A cet âge là, rédiger ce type de comptes rendus était absolument impensable. Waï. C'était comme demander d'écrire son prénom à un bébé de deux mois ... enfin, pas tout à fait.
"Y'a tout d'même une différence entre connaître la culture d'un pays et sa constitution" remarqua le journaliste en calant de nouveau sa main contre son menton. Il reprit :
"Je connais à peine celle du Japon. Et pourtant vu mon boulot ..." Eikichi esquissa une grimace. Il n'était certes pas un exemple, mais peu de japonais pouvaient expliquer leur constitution (à moins de s'orienter vers une carrière politique). Sur ce point, il était sûr d'avoir raison. Or apprendre la politique étrangère en ignorant celle de son propre pays paraissait complètement stupide. Et si jamais ce nain d'jardin affirmait connaître la constitution du Japon sur le bout des doigts, Matsuyama-kun s'inquièterait pour lui.

"Tu y es habitué ? Eh bien ... je dois avouer que je suis impressionné" répondit le jeune homme en sifflant. "J'imagine que tu dois avoir pas mal d'ambitions pour ton avenir ?"
Futur politicien ? Philosophe ? Médecin ? Une tête pensante quoi ... Un des petits génies élevés en serre. Eikichi était sur le point de lancer une vanne sur les études du blondinet - qui semblaient beaucoup plus grandes que sa taille - lorsque son téléphone sonna. Il grogna quelque chose comme "Je suis en congé bordel" puis décrocha son portable.
"Hum ? Wai wai ... Non je n'suis pas chez moi. Qu'est-ce qui s'passe aux bureaux ?
Eeeeh, pourquoi ce s'rait à moi d'bouger ... ? Tu peux pas y'aller toi ? De toute façon, je n'peux pas ... Non ... Je suis en vacances. Dans l'Hokkaido. Trop loin. Wai. Ciao !"
Le reporter raccrocha en soupirant. Ses collègues tentaient toujours de lui refiler la sale besogne. Mentir pour échapper aux corvées ... voilà où Matsuyama-kun en était !
"Pfff. Je suis en congé, mais ces enfoirés essaient encore de me refiler les articles dont ils ne veulent pas" marmonna-t-il en grattant de l'ongle une tâche sur le comptoir.
"Tiens, puisqu'on a dépassé les dix minutes conventionnelles de conversation, il serait temps de me présenter. J'm'appelle Eikichi ..." Le journaliste tendit la main au mioche. Ces deux dernières minutes, il s'était montré moins insupportable. Y'avait du progrès.

Eikichi jeta un regard soupçonneux vers le mini-blondinet.
Dernière année de lycée ET prépa ... Est-ce qu'il ne se foutait pas d'sa gueule, le mioche ? Qu'est-ce c'était que ces histoires ? Soit ce gamin le prenait pour un abruti fini et jouait avec sa crédulité, soit ses capacités étaient réellement supérieures à la moyenne. Il dégageait une sensation d'assurance et de professionnalisme, certes, mais ... enfin ... à son âge !
Le journaliste esquissa un demi-sourire. Il s'était suffisamment torturé l'esprit avec ça. Pour qu'on lui donne ce genre de devoirs, le gnome devait au moins être en fin de lycée. De plus, il connaissait son sujet et semblait honnête (quoique ... Matsuyama-kun le brimait assez pour qu'il tombe à son tour dans la répartie mensongère). Il ne mentait sûrement pas.
"Je te parle de projets d'carrière ... Si t'es déjà aussi avancé à ton âge, j'imagine à peine ce que tu seras dans dix ans ... C'est généralement dans ta tranche d'âge qu'on se fixe des objectifs. Et qu'on se trompe, aussi. Vaudrait mieux pour toi que tu réussisses du premier coup, non ? Progresser trop rapidement peut devenir un inconvénient" dit Eikichi d'un ton rêveur. Il enviait un peu les facilités du gosse. Lui, dû s'y reprendre à trois fois pour réussir son concours d'entrée à l'université Todai. Pourtant ... il avait quoi, à l'époque ... trois ans de plus ? Peut-être même quatre. Bwarf. Tant mieux pour lui !

Grâce au soudain coup d'fil, le lycéen évita la séquence réponses. Les présentations furent closes et au bout de quelques minutes, le jeune homme demeura silencieux tout en fuyant son voisin d'comptoir. Son regard était étrangement lointain. Trop lointain. Une ... deux ... trois ... quatre ! Quatre secondes ! Le reporter retint son rire pendant quatre secondes. Puis son gloussement se transforma en éclats : "Tu as bien dit Nami ? Nami ... Muhuhu ... uhu ! Mais c'est un nom d'fille ça ? Ah ah ah !" Eiki ne pouvait retenir cet incontrôlable fou rire. Il savait que cette hilarité rendrait le nain d'jardin furieux mais que pouvait-il faire sinon s'excuser pour son attitude ... ? Et puis quoi encore ! Le japonais avait sa fierté. Il déposa une main contre son front, s'exclamant dans un style mélodramatique : "Mince, est-ce que j'aurai mal regardé ? Tu es travesti c'est ça ? Et tu bosses dans un bar gay pour payer tes études ?" Matsu-kun était plié en deux sur son tabouret. Il reprit cependant : "Gomen gomen gomen ... Nami ... fufufu ! Qu'est-ce que j'en voudrais à mes parents s'ils m'avaient appelé comme ça ! C'est pire qu'une trahison. C'est une insulte, un acte de guerre !"
Eikichi colla une main contre sa bouche et les gloussements diminuèrent en intensité.
Ce qui ne l'empêcha pas d'ajouter : "C'est vrai que tu es très mignonne, Nami-chan !"

Il se baissa pour éviter un projectile (à moins que ce n'fut les yeux particulièrement assassins de Nami) puis se tourna vers l'adolescent en agitant la main : "Ne m'envoies pas des regards aussi agressifs, je vais finir par avoir peur de toi !" Le blond secoua ensuite cette même main en l'air pour attirer l'attention de la serveuse et demander un autre café.
"Wai, je suis bien journaliste. Et pas le plus discret comme tu l'as remarqué" dit-il en ricanant. Nami avait vu juste mais cela n'étonnait pas Eikichi. Après tout, à son arrivée, le reporter déployait ses derniers articles sur le comptoir. Son appel et ses plaintes sur son boulot y étaient aussi pour quelque chose. Ce qui était gênant toutefois, c'est que Nami risquait de faire le rapport entre Matsuyama Eikichi et Sawada Ikki. A quoi servait un pseudonyme si tout l'monde apprenait sa véritable identité ? Ce n'est qu'un lycéen pensa le journaliste. Quelle importance ? Franchement, se tracasser pour si peu ... Si Eik s'était renommé Ikki, c'était parc'que son patron l'y avait obligé : Vous êtes journaliste. Vous serez parfois amené à contredire Kira et ses idéaux. On ne sait pas comment il tue, mais il vaudrait mieux que vous cachiez votre nom, au cas où. Eikichi étant pro-Kira, il l'appuyait presque toujours dans ses articles. Alors où était l'problème ? Il ne craignait rien.

"On peut dire ça. Mais tu sais, les journaux et la télévision ne sont pas toujours des sources fiables. J'ai vu de nombreux collègues inventer leurs articles parc'qu'ils avaient la paresse de bouger leur cul pour collecter des informations ... C'est stupide mais, hélas, c'est la vérité des média" soupira Eikichi en pianotant des doigts sur le comptoir. Il n'en voulait pas réellement à ces faux reporters. Leur attitude était compréhensible - après tout, le journalisme était un métier ingrat. En y réfléchissant ... Eike passait ses journées à relater des faits qui se répétaient sans cesse. Comme si les hommes faisaient encore et toujours les mêmes erreurs, les mêmes découvertes, les mêmes recherches ... Un cycle interminable de nouvelles et de tragédies. On pouvait annoncer la mort d'une gamine de six ans torturée et violée, puis switcher sur la fête nationale de l'automobile. Cela paraissait parfaitement aberrant. Et pourtant ... Les gens vivaient de cette manière. Ils faisaient de ces actualités leurs petites habitudes. Elles ne les choquaient plus.
"Nous vivons dans un monde d'indifférents ... Le journalisme ne sert plus qu'à informer.
Les gens prennent ça pour un résumé de l'activité mondiale. Comme s'ils remplissaient leur agenda. Ils n'ont plus aucune sensibilité : ils ne font que prendre des notes."

Matsuyama-kun esquissa un sourire en coin. Peut-être s'inquiétait-il sans raison.

"Les auditeurs ne tirent plus de leçon de ce qu'ils apprennent derrière leur écran de télévision ... Le plus souvent, ils se contentent d'en faire des potins ... Ca m'énerve. Mais on y peut rien, hein ? Au final, peut-être que ça a toujours été comme ça ..." Une serveuse posa son deuxième café sur le comptoir. Il la remercia puis ajouta du même ton las : "Aaaaaaaaaah, j'vois pas pourquoi je te raconte tout ça, Nami-chan. On s'en fou !"
Le reporter passa une main dans ses cheveux blonds et bailla. Toute cette énergie dépensée pour faire tourner le nain d'jardin en bourrique l'avait épuisé ... C'était peut-être pour ça qu'il se remettait à parler sérieusement, tout d'un coup. Il n'avait plus qu'à se noyer dans un océan de café, boire la tasse quatre ou cinq fois puis retrouver son rire et ses petites plaisanteries prétentieuses. C'est alors que Nami lança l'offensive :

Vous écrivez quel genre d'article ? Le courrier du coeur ?

Eikichi leva un pouce en direction du blondinet : "Bien envoyée celle-la !"
Il avala une gorgée de café, jugea que cette répartie pouvait aussi bien faire office de question et se décida finalement d'y répondre : "Généralement je m'occupe des crimes, des accidents tragiques, ce genre de choses ... Mais ces enfoirés s'arrangent toujours pour me refiler les articles dont ils ne veulent pas. Lorsqu'il y'a un papier à rédiger à la dernière minute, je m'en charge. On peut dire que je sers d'élément bouche trou."
'Ces enfoirés' désignait évidemment les mêmes collègues qui l'avaient appelé sur son portable un peu plus tôt. Eikichi s'occupait essentiellement de la collecte d'informations, de la rédaction des articles. Ils paraissaient ensuite sur le papier ou aux info' télévisées. Mais bien sûr, le journaliste ne les énonçait jamais - ça, c'était le job du présentateur.
"Je lutte pour qu'on me laisse les articles sur Kira et la O.A.K. C'est le plus intéressant en c'moment, bien que les nouvelles soient de plus en plus rares. Les rumeurs qui circulent sur le net sont souvent fausses ou infondées : on ne peut pas s'y fier. Quant à la Police Japonaise ... Elle ne sait rien. Et de toute façon elle ne veut rien nous dire. Tant qu'on n'aura pas de message de la O.A.K. ou des Kira, nous resterons au point mort."

Nami écouta ce qu’Eikichi avait à dire sur la triste réalité des médias. L’adolescent hocha quelque fois la tête d’un air compatissant. Étant présentement un élément actif du sujet le plus exploité par les médias en tout genre, il était bien placé pour savoir que beaucoup de faits étaient bafoués ou bien simplement inventés de toute pièce.

L’adolescent se contenta de froncer les sourcils pour manifester son impatience face à la façon dont Eikichi l’avait surnommé. « Reste caaaaaalme! C’est toujours pire quand on s’énerve. »

En fin de compte, Eikichi n’était pas si désagréable que ça à cotoyer. Il avait un bon sens de la répartie, et prenait bien le fait de ne perdre une fois de temps en temps…au contraire de Nami, mais ça c’est une autre histoire!

- J’imagine que c’est le dernier arrivé qui s’occupe des tâches ingrates? Ou bien vous êtes simplement plus zélé que les autres?

S’il n’était pas un petit nouveau dans le métier, il pouvait certainement s’arranger pour refiler les articles ennuyeux aux autres…à moins, bien entendu, qu’il fasse partie de ceux qui ont un tel amour de leur métier que mêmes les tâches les plus ingrates ne les dérangent pas outre mesure…et cela même s’ils disent le contraire!

Un sourire étrange apparu sur les lèvres de Nami quand Eikichi mentionna la O.A.K. Il aurait mieux fait de le réprimer, mais d’entendre parler de son organisation le remplissait toujours d’une certaine fierté.

- C’est évident! Les journaux ne parlent que de ça. Kira par-ci, O.A.K par là! C’en est à perdre la tête! On ne peut même pas distinguer le vrai du faux!

Le chef de la O.A.K était partagé entre deux attitudes à adopter : jouer à celui qui n’en sait pas plus que les autres, ou bien aborder le sujet de façon intelligente. La deuxième attitude le tentait plus particulièrement, afin de s’assurer qu’Eikichi était véritablement Sawada Ikki. Mais en même temps, c’était imprudent. L’adolescent risquait de s’attirer la méfiance d’Eikichi s’il posait trop de question. C’était d’autant plus risqué car il pouvait laisser échapper une information inconnue du publique et laisser comprendre à son interlocuteur qu’il en savait plus que les autres. S’il se laissa emporter, ça risquait d’être fatal pour lui, et pour la O.A.K.

- Pfff la police! Évidemment qu’elle ne sait rien! L’adolescent baissa la voix, suffisamment pour que seul Eikichi puisse l’entendre dans le brouhaha ambiant. Si vous écrivez sur le sujet, vous devez connaître suffisamment la Grand Darkness, non? Dites-moi…La police a-t-elle été utile dans le cas? À par servir de pion à l’un et l’autre des camps mmmh? C’est le même combat. Les adversaires sont différents, il y a davantage de Kira, mais les enjeux sont les mêmes. La police peut-elle agir d’une façon plus adéquate, cette fois? J’en doute fortement.

Bon…s’il voulait agir comme celui qui ne sait rien, c’était fichu. Mais à quoi bon s’inquiéter? Il avait déjà démontré à Eikichi qu’il était plus intelligent que la moyenne. Le pire qui pouvait se produire, c’était de passer pour quelqu’un de passionné par le sujet (ce qui était vrai), car, honnêtement, qui pouvait soupçonner un adolescent de 16 ans d’être à la tête de la O.A.K??

J’imagine que c’est le dernier arrivé qui s’occupe des tâches ingrates?
Ou bien vous êtes simplement plus zélé que les autres?

Eikichi esquissa une grimace exagérée. Non, il bossait dans sa boîte depuis un petit moment déjà ... Et d'autres nouveaux venaient régulièrement remplir les rangs sans pour autant l'alléger de cet ignoble fardeau. C'était juste qu'il avait pris cette habitude de tout gérer, de diffuser chaque information, fusse-t-elle insignifiante. Si une nouvelle ne passait pas au journal les japonais demeureraient dans l'ignorance totale - telle était la responsabilité du reporter. Il y avait certes d'autres journaux pour combler ces lacunes mais s'il s'avérait que leur boîte fournissait moins d'actualités, ses employés seraient automatiquement classés en dernière position vis-à-vis des autres journaux. Pas terrible comme réputation. Bref, de un, Matsu-kun était fauché au point de s'assurer avec un soin particulier que sa paye ne diminuait pas d'un poil, de deux, il chérissait son job.

"Plus zélé ? Waï, on peut dire ça comme ça. J'aime mon boulot ... malgré toutes ses contraintes. J'suis pas toujours bien payé et mon patron abuse continuellement de mon temps libre en me collant des heures supp' mal ou pas rémunérées. Il m'exploite ... il sait que même si je refuse un article, je finirai tout d'même par le faire ... C'est ma faiblesse."

Eikichi ne remarqua pas le sourire de Nami lorsqu'il mentionna la O.A.K., trop occupé à siroter son café pur arabica. Il nota cependant l'enthousiasme dans la voix du garçon lorsqu'il lui répondit. En voilà un qui s'intéressait de près à cette affaire ! Eh tiens, Nami se penchait à son oreille pour murmurer ... il s'y croyait vraiment ce morveux. C'était plutôt comique comme comportement. Mais le japonais devait avouer qu'il était bien renseigné sur le sujet ... The Grand Darkness ... Cet événement remontant près d'un siècle. A l'époque existait déjà un Kira qui punissait les criminels. Eiki n'en savait pas plus jusqu'à ce qu'il discute avec une jeune fille sur le net. Elle avait mentionné l'existence d'un opposant de Kira ... un surnommé Eru (L) ... Le journaliste menait alors de nombreuses recherches. Il lui fallu deux mois avant de retrouver l'enregistrement diffusé mondialement pour provoquer Kira. La ressemblance entre les messages de l'Organisme Anti Kira et d'Eru l'avait frappé immédiatement. Depuis, il ne doutait presque plus de l'existence de la O.A.K. ... Ce logo, cette même sollicitation ... Cela ne pouvait sûrement pas être une vulgaire coïncidence !

"Tu sais ... je suis journaliste, pas historien" répliqua Eikichi avec amusement. The Grand Darkness remontait loin dans l'temps, même les personnes très âgées étaient nées suite aux événements. Elles avaient vu la reconstruction du monde, pas le génocide des criminels. Il fallait au moins être passionné d'Histoire (ou des Kira) pour s'y connaître.

"Tu m'as l'air bien informé sur le sujet, Nami ! Ouais ouais ... la police ne fou pas grand chose ... Mais elle ne peut pas tout se permettre pour combattre Kira. Contrairement à la O.A.K. ou aux Kira les policiers ont des lois à respecter. D'une certaine manière, elle est plus juste que ces deux camps. Car la Police doit représenter la politique du Japon ..."
Le reporter vida sa tasse et empila les deux. Il reprit en montrant du doigt un panneau derrière le comptoir : Celui qui conduit est celui qui ne boit pas. Consommez avec modération.
"Les lois sont les fondations de la justice. C'est pour ça que ni Kira ni la O.A.K. ne sont justes. Personne n'arrivera à me faire croire qu'elle collecte ses informations légalement, hein ? Et les Kira tuent pour baisser la criminalité ... Tous ont des objectifs louables, c'est clair. Mais à quels degrés ... ? Est-ce que la fin justifie vraiment les moyens ?" Eikichi se mordit la joue. Il s'en posait des questions philosophiques ... Le jeune homme ajouta en regardant machinalement sa montre : "Je crois que ta copine t'as posé un lapin."

Nami écouta le journaliste raconter sa philosophie de travail et ne put s’empêcher de sourire. Comme il l’avait imaginé, Eikichi était un vrai passionné, et mêmes les tâches ingrates lui allaient tant qu’il pouvait exercer sa plume et informer les gens. Malgré le fait qu’il usait de son talent pour soutenir les kiras, Eikichi avait quand même gagné des points dans l’estime de Nami.

- Hum...Je ne crois pas que ça soit une faiblesse, fit l’adolescent en sortant un paquet de gomme de la poche de sa veste et en entreprenant de la déballer. En fait, c’est plutôt une qualité que bien des gens devraient vous emprunter. Je ne connais pas grand monde qui exerce sa profession avec autant de diligence. Je crois que si davantage de gens étaient comme vous, peut-être que le monde se porterait mieux.

À sa longue tirade sur Kira, Eikichi déclara qu’il était journaliste, et pas historien. Malgré lui, Nami éclata de rire. Même si la Grand Darkness était un évènement marquant et que très peu de gens ignoraient son existence, c’était quand même moins du quart de ceux-ci qui en connaissaient les détails (alors imaginez le nombre de personnes au courant pour le Death Note!)

Informé? Nami l’était. Mais il aurait peut-être dû garder profile bas! Le chef de la O.A.K mis machinalement le morceau de gomme dans sa bouche et écouta les propos du journaliste. Une chance d’ailleurs, parce que quelques secondes plus tard, il avait la gorge sèche. Bien évidemment, Eikichi avait raison et Nami le savait. Mais de se l’entendre dire comme ça, c’était un peu déstabilisant. Un sentiment désagréable de culpabilité commençait à envahir l’adolescent...sentiment qu’il s’efforça de repousser. Si pour sauver des vies, il devait enfreindre quelques lois, il fallait le faire. Après tout, il ne prétendrait pas être la justice, lui! Pas comme les Kiras! Il faisait ça pour faire respecter ces mêmes lois que défendait la police. Il savait bien qu’il n’utilisait pas toujours des méthodes orthodoxes, mais c’était toujours moins mal que de tuer des gens, non?

- Vous avez tout à fait raison, répondit Nami avec lenteur. À vrai dire...aucun de ces camps ne peut se faire appeler justice. C’est à se demander si il y a vraiment quelque chose qui puisse se faire appeler ainsi dans ce monde...

L’adolescent fit une pause, puis ajouta d’un air agacé :

- Ce n’est pas copine. Enfin...elle doit avoir eu un empêchement.

"C'est drôle mais pour vouloir bosser un devoir aussi compliqué dans un restaurant, elle n'doit pas être très futée, ta collègue ... Faudrait vraiment être sourd pour réussir à se concentrer dans ce bordel ambiant" déclara Eikichi en souriant. Nami était certes un élève studieux et intellectuellement impressionnant (hey, qui s'exprimait encore avec des mots comme diligence à son âge ?) ... mais indéniablement et selon toute apparence, il n'était pas sourd ou surhumain. Le japonais passa une main derrière sa nuque puis reprit :

"Ce n'est sûrement pas le meilleur endroit pour philosopher sur la justice hein ? Tout ce que je peux dire, c'est que chacun possède sa petite définition. Mais il me semble évident que tout ce qui est juste pour le peuple à grande échelle, sera injuste pour au moins un particulier. Il faut seulement courber l'échine devant ceux qui ont assez d'influence pour imposer leurs idéaux ... en priant pour qu'ils rejoignent les notre ; être du bon côté de la barrière en somme. Prenons les Kira par exemple : ils suppriment les criminels un à un. Pour n'importe quel citoyen japonais vivant pépère dans son minuscule appartement sur Tokyo, avec son chien et deux gosses, Kira est un dieu vivant. Pour ce même citoyen, tuer les criminels signifie protéger ses enfants ... Eliminer une menace qui pourrait les brutaliser ou les influencer. Mais pour le criminel, c'est un jugement inacceptable - une injustice. Il ne veut naturellement pas crever pour le bien des autres. Dans c'cas qui doit-on écouter ?"

Matsu-kun retira la main de sa nuque qu'il glissa sous son menton en signe d'intense réflexion. Il répéta : "Qui doit-on écouter ? Un type qui se traîne vingts ans de taule sur le cul pour meurtre et trafic d'héroïne ou un innocent père de famille ? Pour moi qui n'ai pas de casier judiciaire, le choix est vite fait ! Les criminels tombent comme des mouches, c'est injuste, et alors ? Ces types n'ont pas respecté ce principe même de la justice ... c'est pour ça qu'ils sont au trou ! La justice n'a plus le droit d'exister pour ces ordures."

Au moins les convictions d'Eikichi étaient claires. Il s'était peut-être même un peu trop emporté sur la fin ... Mais Nami connaissait bien le sujet : c'était un bon interlocuteur. Eiki était curieux d'apprendre l'avis du gamin sur la question. Etait-il pro-Kira ou O.A.K. ? La deuxième option étant évidemment plus intéressante (elle lui donnerait une occasion de polémiquer et d'ouvrir un peu son esprit sur d'autres points d'vue). Le journaliste enchaîna avant que Nami ne réponde : "Je sais pourquoi certaines personnes soutiennent la O.A.K. ... Ils pensent qu'arrêter les Kira serait plus juste. Mais je ne comprends pas : comment peut-on défendre des criminels ? N'importe quel mec ayant conscience tranquille voudrait les voir disparaître. Mais respecter aveuglement l'idée d'une loi identique pour tous, même pour les meurtriers ... J'sais pas - ça m'inspire pas. On dirait les règles d'un jeu. Comme si l'on voulait gagner sans tricher ... mais le monde, c'est pas un plateau d'jeu, merde !"

HJ: Pardonne la longue attente...;__; j'espère que le message te plaira, j'ai mis beaucoup de temps à y penser...j'voulais faire quelque chose de songé xD J'espère que ça te plaira.



- Vous avez bien raison, cet endroit n’est pas l’idéal…En fait, le travail n’étant dû que dans plusieurs semaines, ce n’était qu’une rencontre préparatoire, question de prendre quelques décisions de base. J’ai proposé de se rencontrer à la bibliothèque, mais elle a refusé.

Cela avait un peu agacé Nami; après tout, comme Eikichi l’avait souligné, qui pouvait se concentrer dans ce restaurant? Mais l’adolescent n’y avait rien vu de suspect. Pour quelqu’un d’autre, peut-être un peu plus expérimenté dans les relations humaines, ce choix de lieu de rencontre aurait paru comme un moyen détourné d’obtenir un semblant de rendez-vous…

Le chef de la O.A.K écouta Eikichi, sentant la colère monter en lui. Lorsqu'il eut l'occasion de parler, il s'exclama:

- Alors c’est ça votre théorie de justice? Courber l’échine devant quelqu’un qui s’élève au dessus de la masse?? S’exclama Nami d’un ton choqué. L’adolescent s’était laissé emporter. Mais bon sang! Le journaliste poussait un peu trop! Je ne soutiens aucunement les criminels, je suis parfaitement d’accord qu’ils méritent un châtiment à la mesure de leurs crimes. Mais que faites vous des innocents? Les erreurs judiciaires arrivent plus souvent que vous ne le pensez! Je ne crois pas que tous les criminels méritent la peine capitale! Je crois plutôt en l’erreur humaine. Bien sûr, le criminel récidiviste peut mériter d’être tués, l’adolescent avais mis l’emphase sur la forme conditionnelle de sa phrase, afin de bien faire comprendre qu’il n’était pas entièrement pour cette idée, c’est une idée louable à laquelle je ne m’oppose pas. Mais…est-ce que la personne qui commet un crime à cause de circonstances tragiques mérite de mourir comme un tueur en série? Est-ce que celle qui est à l’origine d’un crime accidentelle peut être tuée comme un violeur récidiviste?

Nami jeta un regard sérieux à Eikichi, puis continua :

- Ce que je fais valoir, c’est uniquement que Kira tue tous ces gens qu’il traite de criminels. Que ce soit fait pour défendre la justice ou non, c’est tout de même un meurtre! Comme vous l’avez si bien dit plus tôt, ils se mettent au dessus de leur propre justice! Ils soutiennent un idéal, ils le poussent à son extrême, mais sont immunisés contre celle-ci! La vraie justice devrait pouvoir juger ceux qui la mettent en pratique, non? Si ce « Dieu » commet un crime, qui peut le juger?? Personne!

L’adolescent s’arrêta, le souffle court. C’était une chance que le restaurant était si bruyant, sinon tout le monde aurait pu entendre son éclat.

- La justice injuste, hein? Fit Nami d’une voix plus calme, semblable à un murmure. Son expression choquée avait laissé place à un sourire mystérieux. Cette une idée très intéressante…

Il ne faisait aucun doute qu’Eikichi était pro-Kira, et pour Eikichi, il devrait maitenant évident que Nami supportait la O.A.K (même si en fait, c’était plus que ça mais qui aurait pu s’en douter!). Ces deux là avaient décidément des idéaux bien différents…Nami lui…en fait, il avait parlé à beaucoup de pro-Kira ces temps dernier. C’était vraiment lassant de répéter sans relâche les mêmes arguments, sachant que l’autre n’y porterait que très peu d’attention. Le camp adverse était plutôt borné. Mais ce qui était sortit de ses discussions et des réflexions mentales de Nami, c’était les buts réels de la O.A.K. Il n’était pas totalement contre la philosophie de Kira…c’était plutôt sa façon de l’appliquer. Et aussi, la façon injuste que le "dieu" avait de se cacher derrière cette prétendue justice, alors que lui-même commettait des crimes aussi atroce que ceux qu’il châtiait. On pouvait toujours essayer de le convaincre que Kira était généreux et que c’était pour cette raison qu’il faisait tout ça, mais Nami n’était pas dupe. Tous ces Kiras ne pouvaient pas avoir que des buts nobles! C’était totalement irrationnel! Un être humain doté du pouvoir de vie ou de mort sur ses semblables ne pouvait rester impartial et s’en servir uniquement de façon objective! L’être humain est toujours en conflit avec ses propres intérêts et le bien des autres. Si Kira était réellement juste, il ne tuerait pas les gens sous prétexte qu’ils s’opposent à lui ou qu’ils remettent sa justice en question. Si Yagami Raito avait été juste, il n’aurait pas tué les agents du FBI et les enquêteurs comme L.

[Et voilà ! Sorry, c'est plus long que je ne le pensais O_O]

Eikichi garda le silence une fraction de seconde sous le coup de la surprise. Ouaw ... Quel gosse énergique ! Nami devrait apprendre à gérer ses émotions. Héhé, la fumée sortait presque de ses oreilles ... Ce sujet le révoltait vraiment ? Matsu-kun éclata de rire et répliqua sur le même ton amusé qu'en début de conversation : "Eh, relax Nami ! Inutile de t'énerver pour si peu. Ce n'est pas quelques éclats de voix qui changeront la done ... Tu es un fier partisan de l'organisation anti-Kira c'est ça ? Je n'vais pas te blâmer parc'que tu défends tes idéaux. En fait, je n'ai même pas dit que les Kiras étaient justes. Je n'ai pas dit que tuer des criminels était juste. Est-ce que je l'ai dit ? Si ? Gomen. Ce n'est vraiment pas ce que je pense. Il y a une très nette différence entre la justice et la légitimité."

Eiki esquissa un sourire radieux. Il se voulait *pacifique* mais en son fort intérieur, le reporter savait pertinemment que son insouciance n'enchanterait pas Nami-chan. Au contraire : ce dernier s'emporterait sûrement de le voir prendre le génocide des Kiras avec autant de légèreté. Aussi le blond n'attendit pas la réaction (non dénuée de violence) de son voisin de comptoir pour défendre sa position. S'il y avait bien une chose que les journalistes maîtrisaient, c'était l'argumentation. Faire comprendre et croire n'importe quoi à des auditeurs abrutis par les films et les mangas. Mais voilà, défendre des meurtriers (puisqu'on pouvait qualifier les Kiras ainsi) n'était pas une mince affaire. C'était un peu comme argumenter pour la peine de mort ... un avis qui ne reposait plus sur la logique mais sur des sentiments personnels. Comment dire ... défendre les Kiras, c'était comme ... admettre son statut d'homme imparfait, et encore admettre que certains hommes méritaient peut-être d'être mieux sanctionnés qu'ils ne l'étaient déjà actuellement.

"Je comprends que l'idée même de croire que la mort de quelqu'un puisse être une bonne chose te révolte. C'est ignoble, tu as raison ... Et ce n'est certainement pas une cause juste. Sur ce point, nous sommes tous les deux d'accord, n'est-ce pas ? Cependant ..."

Le japonais leva la main comme pour signaler une objection : "Est-ce que tuer les assassins ne peut vraiment pas être ... non, pas bénéfique, je dirai plutôt ... est-ce qu'éliminer un criminel ne serait pas le meilleur moyen d'assurer la sécurité du citoyen ? Cette peine que Kira applique (en plus de dissuader les délinquants de commettre l'irréparable par son exemplarité) est sans doute plus efficace que d'autres punitions comme l'emprisonnement à vie. Car tu sais autant que moi qu'une bonne quantité de criminels condamnés à perpétuité quittent la prison au bout de quelques années pour bonne conduite et reprennent leurs méfaits une fois l'enceinte franchise. Le Japon a besoin d'une justice rétributive. Et si tu ne veux pas l'appeler justice (puisque ce n'est qu'un mot), appelle ça comme tu veux : condamnation, sanction, sentence ... Cela n'a pas d'importance. Alors oui, Kira se contredit lorsqu'il interdit le meurtre et punit par le meurtre, c'est vrai, c'est totalement absurde ... Mais en l'absence de mort, il y a toujours un risque de récidive. C'est le problème de la réinsertion : Est-ce que ce meurtrier que j'enferme ne va pas sortir dans quelques temps ? Est-ce que le cloîtrer entre quatre murs suffira à le changer ?
Est-ce que l'homme est vraiment perfectible ? Est-ce que certaines erreurs monumentales peuvent être réparées ? Peuvent-elles être pardonnées (je n'en suis pas persuadé) ? Le criminel ne va-t-il pas s'échapper, s'évader, mon jugement bancal ne lui permettra-t-il pas de quitter légalement son lieu d'emprisonnement ?"

Le journaliste interrompit son début de monologue pour reprendre son souffle et laisser Nami réfléchir à la valeur de ses arguments. Encore fallait-il qu'il les écoute ... Ouais. Son opinion n'avait pas l'air très ouverte aux autres avis. Eikichi reprit alors la parole :

"Tu préfères donner une nouvelle chance à un criminel plutôt que protéger la société ? Bien sûr que l'erreur judiciaire est encore possible. Ca me fait mal de le dire mais parfois, une faute de jugement vaut mieux qu'ignorer un serial killer. C'est ... arithmétique ... une mort en vaudrait dix autres, selon toi ... ? Kira peut se tromper mais au final le citoyen lambda est gagnant. Commettre un meurtre, c'est faire le choix de perdre sa dignité humaine ... accepter d'être arrêté et puni. Auparavant les criminels fourmillaient car ils ne craignaient pas les sanctions judiciaires trop humaines, trop laxistes. Ils étaient nourris et logés.

Et maintenant ? Les Kiras jouent avec leurs propres règles. Les assassins ont compris les nouveaux enjeux de leurs méfaits ... ils ont peur de mourir, alors la criminalité baisse. Peut-être que certains ne méritent pas de mourir - et dans ce cas, on peut se demander d'où Kira tire son jugement - mais la plupart du temps, il se contente d'éliminer les meurtriers. La mort est une sanction exceptionnelle et maximale qu'il faut appliquer avec beaucoup de précautions, en prenant compte des circonstances atténuantes ... Kira se débrouille plutôt bien de ce côté là. Son jugement n'est pas toujours parfait certes, mais il fait ce que les politiciens et les juges se refusent à faire. Il protège la population en punissant ceux qui ne peuvent l'être ou qui sont sanctionnés avec trop de laxisme."

[Et moi donc! J'ai honte ;__; J'espère que la réponse te plairait Eikichi! T^T j'ai dû y réfléchir un moment pour trouver des bons arguments XD]

Nami fronça les sourcils et écouta consciencieusement la réponse d’Eikichi à son éclat de colère. Son expression passa de l’énervement à celle d’une personne qui sait s’être un peu trop emportée.

- Oui, vous avez raison. Ce n’est pas m’emportant de la sorte que je pourrai changer quoi que ce soit. En fait, ajouta-t-il afin de retourner sa phrase qui donnait l’impression qu’il disposait des moyens d’agir, j’ai beau dire quoi que ce soit ici, les choses resteront telles qu’elles sont. Ce n’est pas une discussion philosophique dans un petit restaurant qui changera le monde, loin de là. Mais oui, je supporte la O.A.K, je n’ai pas honte et ne ressent aucune peur à l’affirmer.

L’adolescent toisa son interlocuteur alors que celui-ci se lançait dans une nouvelle phase d’argumentation. Bien entendu, l’opinion d’Eikichi avait en soi une très grande valeur. Son argumentation était bien structurée, détaillée, et il ne faisait aucun doute qu’il y avait longuement réfléchi. Après tout, il était journaliste et les journalistes raffolent tous de ce sujet qui produit de grands tirages.

- Il est vrai que le jugement de Kira agit comme dissuasif sur la population. Je ne suis pas du tout fermé à votre argumentation, en fait, je trouve que vous défendez admirablement bien votre cause. Ce qui me chiffonne, en fait, c’est que les criminels ne sont pas les seuls à craindre les Kiras. En fait, ceux-ci imposent leurs propres règles du jeu à toute la population du monde, criminels et innocents. Je ne crois pas qu’une personne dotée d’un pouvoir de vie ou de mort sur l’humanité entière puisse rester impartiale totalement, à moins d’avoir une conscience à toute épreuve. Encore là, c’est impossible avec une telle conscience de tuer des gens en telle quantité, même s’il s’agit de criminels. Bien sûr, au départ, tout part d’une bonne intention.

Nami pris un air consterné en prévision de ce qu'il allait dire.

- Qui peut dire sans mentir que le monde serait bien mieux sans la pourriture de cette espèce? Personne. Parcontre, lorsque Kira utilise son jugement pour son propre intérêt, c’est là qu’il franchit la ligne qui change toute la donne. Vous pourrez me dire tout ce que vous voudrez, mais il est impossible que Kira reste toujours impartial. Un jour ou l’autre, il voudra s’attaquer à ceux qui s’opposent à lui, la O.A.K par exemple, et il ne fait aucun doute que s’il avait des informations sur les membres de cette organisation, il les aurait d’hors et déjà tué, même s’ils ne commentent pas de crimes en soit, la seule chose que l’ont pourrait leur reprocher, c’est de remettre en question un Dieu auto-déclaré. Vous m’avez avoué ne pas être très familier avec la Grand Darkness, mais saviez vous que le premier Kira a tué douze agents du FBI qui avaient été envoyés pour enquêter sur lui? Or, le FBI n’est-il pas supposé défendre les mêmes idéaux de « justice » que Kira?

Nami fit une pause, bien décidé à faire la boucle avec le début de son argumentation.

- Là où je voulais en venir, c’est bien évidemment que puisque Kira est un humain et qu’il comment des erreurs, les innocents sont eux aussi menacés par son jugement. Une bonne partie de la population supporte Kira, mais on aussi tendance à oublier qu’une autre partie de celle-ci le craigne plus que tout et souhaiterait qu’il disparaisse. Alors, que faut-il penser? Qui a raison, la O.A.K ou les Kiras?

[Je pense qu'il est temps de finir le topic, encore deux ou trois messages quoi (ouais je fatigue). Si tu veux demander à Eikichi s'il est Sawada Ikki, c'est le moment, il t'aime bien XD]

"Bien sûr que les Kiras ne sont pas impartiaux. S'ils l'étaient, ils ne tueraient pas les criminels déjà jugés et se contenteraient des fuyards, de ceux qui courent toujours en liberté. Ca ne m'étonnerait pas non plus qu'ils s'en prennent à la O.A.K. C'est normal non ? Ouais ... bon ... ça ne colle pas trop avec les beaux idéaux de Kira mais vu qu'elle essaie de les mettre sous les verrous, ça me paraît logique. C'est presque de la légitime défense. Si les membres de l'Organisme Anti-Kira étaient aussi efficaces que la Police Japonaise, il ne craindraient absolument rien. Alors qui sème le vent récolte la tempête, hein ..."

Eikichi écouta tranquillement Nami lui annoncer que l'ancien Kira, celui d'il y avait près d'un siècle, avait tué des agents du FBI. Un sourire discret apparu sur son visage. Ah ? Mais ces agents enquêtaient-ils vraiment sur Kira ou n'avaient-ils pas derrière la tête l'idée dangereusement stupide de stopper ses agissements ? S'ils voulaient réellement l'arrêter, sa réplique était tout à fait naturelle. Chercher des noises à un type qui peut vous tuer par la pensée ... C'était du pur délire. Du suicide. 'Fallait pas se plaindre des conséquences puisqu'ils étaient coupables - hum, disons plutôt responsables de leur entreprise. Il en était de même pour les membres de la O.A.K. Ou alors pensaient-ils qu'après avoir capturé l'un des Kiras, ses camarades de jeu les laisseraient poursuivre leur petit business sans s'en préoccuper ? Ahahahahaha. N'importe quoi ... Le journaliste hocha négligemment la tête pendant que Nami-chan énonçait quelques grandes vérités puis partagea ses pensées :

"La O.A.K. dit avoir capturé l'un des Kiras. Si c'est vrai, il ne faut pas qu'elle s'attende à recevoir leurs amitiés. Tiens ... Si ça s'trouve, c'est pour ça qu'on a plus de nouvelles. Kira s'est peut-être déjà vengé" déclara Matsuyama-kun en ricanant. Il ne croyait pas réellement que les Kiras aient éliminé la O.A.K. Ils ne se seraient pas privé d'un message public dans ce cas ... Pour dissuader les autres agences qui tentaient de l'arrêter.

Une bonne partie de la population supporte Kira, mais on aussi tendance à oublier qu’une autre partie de celle-ci le craigne plus que tout et souhaiterait qu’il disparaisse. Alors, que faut-il penser? Qui a raison, la O.A.K ou les Kiras?

"Jusqu'ici, les opinions publiques majoritaires ont toujours été privilégiées lors des référendums ou des élections n'est-ce pas ? Pourquoi cela changerait-il ? Bah, de toute façon, c'est pas Kira qui nous demandera notre avis. Et moi je vote pour les Kiras."

Le reporter tira la langue comme le ferait un gamin de sept ans. Il avait dépassé son quart d'heure de sérieux. La conversation était certes très intéressante mais ses arguments les plus forts utilisés, il n'était pas suffisamment motivé pour chercher de nouvelles idées pouvant contrer les répliques de Nami ... Pendant qu'ils parlaient, le japonais commandait d'autres cafés, il en était déjà au septième. Le temps tournait lui aussi. Oh ... Il devait terminer ce paquet d'articles sur la golden week ... pour demain. Eikichi empila donc consenscieusement les tasses en pyramide puis dit au blondinet tout en sortant de quoi régler sa note (riche en caféïne) : "C'était une conversation passionnante Nami-chan, mais je dois y'aller maintenant. J'ai encore pas mal de boulot même si je suis en congé ... On la poursuivra peut-être un autre jour. Tu peux garder tes arguments au chaud."

[J’comprends très bien! Ça commence à être de plus en plus difficile de trouver des arguments! XD En plus, nos deux personnages sont bien ancrés sur leurs positions xD Désolée pour le message, il n'est pas aussi long que je l'aurais voulu, mais c'est quand même bien! Ah la la! Il est pas très gentil, Nami xD ]


Le chef de la O.A.K écouta les propos d’Eikichi sur l’élimination des criminels, hocha la tête à plusieurs reprise puis pris la parole :

- Au fond, ce que vous dites vous-même, c’est que Kira souhaite être la seule et unique justice. Au lieu d’aider celle qui a déjà été mise en place et d’éliminer les criminels qui échappent à ses filets, il préfère tous les éliminer parce que son but est d’être le maître de la justice, une sorte de Dieu. Il peut bien éliminer tous ceux qui sont sur sa route, y compris ceux qui défendent la même justice que lui, ça ne lui fait ni chaud ni froid, il est Dieu! Il a une pensée incontestable et tous ceux qui ne pensent pas comme lui sont mis hors course parce qu’ils contestent l’autorité suprême. Ça ne ressemble pas un peu à une dictature, ça?

Nami se força à éclater de rire quand Eikichi laissa sous-entendre que la O.A.K n’avait plus donné de nouvelle parce que les Kiras l’auraient éliminé. Ce genre de plaisanteries le mettait hors de lui et pour cause! S’il avait pu clamer haut et fort qu’il était le chef de la O.A.K et que celle-ci enquêtait toujours et que, qui plu est, ils avaient réussi à avoir fait prisonnière, à un certain moment, l’une des Kiras, il l’aurait fait. Mais ç’aurait été ridicule. Le mieux que Nami pouvait faire, c’était d’encaisser ces plaisanteries désagréables à propos de son organisation et de faire tout son possible pour la faire reconnaître.

- C’est probable, mais à mon avis, Kira l’aurait fait savoir non? Après tout, il veut être considéré comme le Dieu du monde. Existe-t-il une meilleure façon de faire reconnaître son autorité que de faire savoir au monde entier qu’on a éliminé notre principale opposition? Déclara Nami avait un sourire factice.

À la remarque sur la majorité, l’adolescent haussa les épaules.

- Nous en revenons encore au même point : Kira ne demande pas notre avis, de toute façon. Même si comme vous dites, une majorité voterait sûrement en faveur de Kira, mais le minimum à faire, dans une démocratie, c’est d’au moins consulter le peuple non? La loi de Kira, c’est une dictature.

Le journaliste lui tira la langue, ce qui provoqua un haussement de sourcils chez l’adolescent. Décidément, le journaliste était très puéril. Il était bien plus âgé que Nami et honnêtement, beaucoup moins mature que lui!

« C'était une conversation passionnante Nami-chan, mais je dois y'aller maintenant. J'ai encore pas mal de boulot même si je suis en congé ... On la poursuivra peut-être un autre jour. Tu peux garder tes arguments au chaud. »

Nami sentit une bouffée de frustration monter en lui. Il en avait plus que marre de se faire appeler « Nami-chan » par cet idiot, aussi intéressante eut été leur conversation à propos de Kira. Le pire dans tout ça, c’est qu’il n’avait pas grand-chose que l’adolescent aurait pu utiliser pour lui retourner l’ascenseur. Les caractéristiques d’Eikichi? Accro au café, hyperactif, sarcastique, rien de tout ça ne permettait à Nami de l’insulter à son tour. Il fallait qu’il trouve quelque chose pour exercer une quelconque vengeance sur Eikichi! Ah mais si! C’était là, juste devant lui! Sur le comptoir, près des tasses de café empilées par le journaliste.

- En effet, c’était très intéressant. J’aurais adoré continuer à débattre avec vous, nulle doute que nous serions arrivés à un compromis, et Nami ajouta, en baisant légèrement le ton, Sawada Ikki.

L’adolescent prit un air faussement contrit, mais le sarcasme était très clairement perceptible dans sa voix. Sarcasme qui signifiait: j'ai découvert que tu as un faux nom! =D

- Oups…ça m’a échappé.

[Mwahahaha ... sale gosse ! Au fait, Eikichi a rangé son journal depuis le premier message si c'est "ça" qui se trouve à côté des tasses ... mais c'n'est pas grave XD. Désolé aussi, c'est un peu court.]

Eikichi s'étira en se levant de son tabouret. Il attrapa son attaché-caisse noir et le glissa sous son bras. Une dure soirée de labeur s'annonçait ... Bosser, bosser et encore bosser ; rouler sa bosse jusqu'au lendemain matin et arriver de bonheur au boulot, longtemps avant les autres, pour s'installer en silence et profiter du calme début de la journée. Oublier tout ce qui se trouve autour de vous et renverser vos tasses de café sur les dossiers fraîchement classés ... Passer des coups d'fils sournois, enquêter sur des potins stupides et montés de toute pièce, repérer le faux du vrai, publier le faux puisqu'il se vendra mieux, rôder dans les rues, abandonner puis reprendre ce qu'on a bêtement délaissé ...

Et enfin : publier ! Publier tous ces mots, toute cette encre fraîche et sombre, ces phrases qui dansent sur le papier journal ... journal qui - malgré tout le mal que se donneront les journalistes et les rédacteurs en chef - servira un jour à entourer la vaisselle dans les vieux cartons de déménagement ... s'il ne fini pas en urinoir pour chiens. Eikichi sorti de ses rêveries lorsque Nami lui adressa la parole dans un ultime au revoir : En effet, c’était très intéressant. J’aurais adoré continuer à débattre avec vous, nulle doute que nous serions arrivés à un compromis ... Sawada Ikki.

Le journaliste se tourna vers le nain d'jardin en esquissant un sourire. Il lui répondit :
"Oh, alors tu as deviné ? T'es du genre perspicace toi. Bah ... Au fond, ça n'a pas vraiment d'importance. Un pseudonyme n'a qu'une seule utilité de nos jours : protéger l'identité des journalistes. Contre les Kiras surtout. Comme je ne le contredis presque jamais, je n'vois pas ce qui me poserait problème ... D'ailleurs, ah ah, je préfère le prénom Ikki."
Le reporter émit un claquement d'langue satisfait, qui voulait dire en quelques sortes : de toute façon je continuerai à t'appeler Nami-chan, Nami-chan. Il colla une tape sur la tête du nain d'jardin puis prit le chemin de la porte d'entée du restaurant. A mi-parcours, Eikichi gueula en direction de la serveuse (qui lui avait posé un râteau un peu plus tôt) :

"Au fait Misaki, on s'le f'ra ce dîner hein ?"

Puis le son d'une cloche retentit et le japonais rejoignit les rues agitées de Tokyo.

[ Ah? *honteuse XD* Ah bé oui, t’as raison xDDD enfin! LOL ]

Nami suivit Eikichi des yeux alors qu’il se levait de son tabouret. Lui-même était plutôt tenté de l’éviter. Apparemment, Akane lui avait véritablement « posé un lapin », pour reprendre les termes du journaliste....C’était agaçant...non pas parce qu’il était intéressé en cette fille, mais plutôt parce qu’il avait perdu inutilement son temps dans ce restaurant...Bon, pas si inutilement, il avait au moins trouvé quelqu’un avec de la conversation, même si cette personne était plus désagréable à certains moments et que son opinion mettait Nami en rogne.

Lorsque le journaliste se tourna vers Nami après son ultime tentative pour renverser la vapeur, l’adolescent fut plus ou moins surpris de voir un sourire sur le visage de celui-ci.

"Oh, alors tu as deviné ? T'es du genre perspicace toi. Bah ... Au fond, ça n'a pas vraiment d'importance. Un pseudonyme n'a qu'une seule utilité de nos jours : protéger l'identité des journalistes. Contre les Kiras surtout. Comme je ne le contredis presque jamais, je n'vois pas ce qui me poserait problème ... D'ailleurs, ah ah, je préfère le prénom Ikki."

Nami sourit à son tour, bien malgré lui. Disons qu’Eikichi avait quelque chose qui lui faisait défaut, soit la maîtrise de ses nerfs...d’une certaine façon... xD

- Je vois, insouciance hein?

Le journaliste poussa l’audace de lui coller une tape sur la tête, ce qui eut pour effet d’énerver Nami une dernière fois avant son départ. Décidément, quel énergumène cet Eikichi! Il n’en ratait pas une! Alors que l’adolescent croyait avoir entendu les dernières parole d’Eikichi, celui-ci fit volte-face et s’adressa à la serveuse, prouvant encore une fois son manque de sérieux. Nami leva pour la enième fois les yeux au ciel.

Au moment où le journaliste entrouvrait la porte pour sortir, une jeune fille aux longs cheveux noirs se faufila à côté de lui, toute essouflée. Elle repéra la personne qu’elle cherchait, assis au comptoir.

- Nami-kun! Je suis soulagée!! Je croyais que tu serais partie! Désolée pour le retard...tu n'as pas trop attendu j'espère?




[ J'espère que tu aimes cette fin xD Quoique le sujets était déjà pas mal fini xD ]