Terminus du vol Berlin-Tokyo

(Je me permet de commencer ici^^)

Les yeux dans le vague, Karl regarda au travers du hublot. Un temps mi-figue mi-raisin qui ne le changeait pas beaucoup de son Allemagne originelle.
Le pilote cracha dans son micro quelques informations en vrac que le jeune homme assimila plutôt bien. Les cours intensifs de japonais qu'il avait prit avait vraiment été de toute première nécessité...

Revenant à la réalité, Karl saisit son ordinateur portable qu'il rangea rapidement de sa sacoche. Sortant une vieille paire de lunette noir, il les déplia pour les poser ensuite sur son nez.

Il se leva, récupéra son sac en bandoulière, son unique bagage, et suivit le reste des passagers vers la sortie.

La première chose qui sauta aux yeux de Karl fut déroutante : tous ces gens se ressemblaient... Ho bien sûr, aux yeux des japonais, l'européen qu'il était devait également entre dans le moule conformiste que chacun se fait de ses voisins...

Il repéra un kiosque à journaux et fouillant dans sa poche, il en sortit quelques yen qu'il avait récupéré au bureau de change.
Pas trop, pour ne pas éveiller de soupçon -après tout il était encore jeune, échanger beaucoup d'argent paraîtrait louche- mais suffisamment pour les premiers agréments de son voyage.
Le reste, il l'obtiendrait en temps et en heure.

Cela dit, il allait falloir faire profile bas. Bien que généralement caché derrière l'écran de son ordinateur et baptisé "God Fingers" sur le net, il ne se sentait pas moins fragile, et cela faisait grimper à la fois mauvaise humeur et nervosité.
De fait il sortit son paquet de cigarette et en alluma une, assimilant la nicotine comme une drogue salvatrice au fur et à mesure qu'elle circulait dans ses veines.

Il s'approcha d'avantage du kiosque et fixa les différentes feuilles de choux.
Laquelle choisir ? Il voulait éviter les journaux pompeux qui servait le discours dicté par la police, mais sans tomber dans le fantastique des journaux à sensation.

Aucun des noms ne lui disait quoi que se soit. L'envie de demander de l'aide ne l'effleurait même pas. Il n'avait pas envie de s'exprimer et puis se serait admettre qu'un monde tournait autours de lui...

Pour l'instant le temps, dans sa tête, était figé. Seule ses "retrouvailles" avec Ever comptaient pour le moment. Après il saurait quoi faire...

Ever se trouvait dans un aéroport. Oui... dans un aéroport. Une chose le frappa... c'était peut être l'endroit où l'on était le plus vigilant quant à la recherche des terroristes. Et pourtant... nulle par il n'avait vu d'écriteau "interdit aux terroristes". Interdit aux animaux, aux personnes handicapées pour certains lieux, ... mais rien n'était précisé sur les terroriste. Et on osait ne les prévenir que lors de la fouille. C'était tout bonnement scandaleux de faire preuve d'autant d'hypocrisie.
Mais bref... cette pensée s'évapora loin de son esprit lorsque son regard croisa les formes d'une jolie brune. Son esprit avait bien du mal à se fixer ces derniers temps.

Ever flâna ainsi un bon moment, distrait ça et là par ce qui croisait son regard. Tantot les aller-et-venues des gardes, par habitude, tantôt la vieille dame qui comptait ses yens un par un au comptoir et tantôt encore ces lieux tellement accessibles dans lesquels il serait aisé de dissimulé un petit dispositif...
Ever n'était pas quelqu'un de distrait de nature, peut être était-ce encore le décalage horaire qui agissait... Toujours est-il qu'à force de regarder à gauche et à droite, il en avait oublié l'heure. Il avait tourné ainsi 3h durant.
Quand il interrogea enfin sa montre, il ne pu retenir un "merde" qui retentit dans le hall.
Quelle porte lui avait-il dit déjà... ? Ce devait être la 29.

Ainsi donc, les mains dans les poches, il prit la direction de la porte ou devait avoir lieu le débarquement de Godfingers.
Arrivé sur les lieu, il trouva le gamin en train de tirer sur sa cigarette, visiblement à l'affut de quelque chose.
Il se faufilla derrière lui, laissa lourdement tomber sa main sur son épaule et dit d'une voix grasse :

"FBI, monsieur, veuillez nous suivre"

Les épaules de Karl se contractèrent en sentant une main venir s'y déposer. Il manqua même d'en laisser choir sa cigarette qu'il rattrapa du bout des doigts, ratant de s'y brûler.

Levant des yeux à la fois vexé et fâché sur l'homme, il ne prêta même pas attention à sa remarque sur son identité.

Putain qu'il était grand celui là... (heu, si c trop vulgaire vous me le dire simplement^^ c'est juste pour faire ressortir son caractère). C'était pas humain de le dépasser autant. On était au Japon bordel. C'est petit un japonais non ?

Mais ces yeux là n'avaient rien de japonais. Plutôt européen tout comme lui.

Il le reconnu grâce aux informations qu'ils avaient échangé pour se retrouver et se détendit sensiblement avant d'ôter la main d'Ever de son épaule d'un revers de main.

"T'es en retard..."

Ca lui aurait fait mal d'avouer qu'il était soulagé de voir que s'était lui. Qu'aurait il fait si ça avait réellement été un agent du FBI. Même s'il s'était assuré que tout ses papiers étaient en règle, il n'aimait pas être confronté à des situations délicates.
Son truc à lui c'était l'informatique. La partie "cérébral" et "mécanique". Le terrain n'était pas son lieu de prédilection.

Sans s'en rendre compte, tout les deux avait bredouillé en japonais. Enfin Ever avait bien parlé. Lui n'avait prit des leçons intensive que ces dernières semaines...

Aussi c'est dans un amalgame Anglo-allamand-japanisant qu'il poursuivit, encore un peu secoué malgré lui, bien qu'il avait su garder un certain sang froid apparent.

"Alors maintenant c'est quoi la suite du programme my dear ?"

Karl zieuta sa cigarette qui finissait de se consumer sans qu'il en ai réellement profité. Il la lâcha et l'écrasa de son talon avant de revenir planter son regard dans celui d'Ever. Et avant de laisser à son interlocuteur le temps d'ajouter quoi que se soit il lui dit :

"Si tu veux qu'on soit copain on va parler assit. Le torticolis j'affectionne pas..."

Ever toisa son interlocuteur, Godfingers, c’était la première fois qu’il le rencontrait véritablement. Cet allié qui avait rejoins sa cause de lui-même, était un personnage intéressant, et différent de ceux qu’il avait pu côtoyer jusqu’alors. Ceci étant, il songea que ce devait être le lot de ceux qui agissent en marge de la société. Mais plus que n’importe quel marginal, celui-ci dégageait une sorte de sensibilité. Cette remarque, « tu es en retard », que supposait-elle ? Ce n’était pas une remarque qui se situait dans le plan de l’utilité, cela n’apportait aucune information que les deux hommes n’avaient pas déjà. Alors pourquoi ? Etait- ce destiné à le faire culpabiliser ? Ever ne le pensait pas, quelqu’un comme ce jeune hacker avait du comprendre que ce genre de remarque ne pouvait avoir d’impact sur lui. Voulait-il marqué une sorte de rapport de force ? Faire entendre qu’il était sur un même pied d’égalité. Peut-être y avait-il un peu de cela mais ça ne devait pas être la raison première. Ever avait le sensation que c’était destiné à le rendre désagréable d’emblée, comme si il cherchait à se donner un genre. Ou alors peut être était-il vraiment désagréable…

Toujours est-il que la première chose que ce jeune homme lui avait dite, le mettait déjà sur la piste de qui il était. Avec une réaction aussi impulsive et dénuée d’information utile, Godfinger ne devait sûrement pas être qu’un cérébral, mais un sentimental aussi. Et cela le distinguait des autres aux yeux d'Ever. Le mal est tellement plus difficile à faire quand on sait soi même ce qu'il peut provoquer.

Alors que les pensées d'Ever se perdaient en conjectures, l'autre poursuivit en lui demandant ce qui était au programme ensuite et l'invita à s'asseoir. Ils finirent donc par tomber sur l'un de ces petits café-terrasse qui peuplent les aéroports et ils prirent place.

Ever fit mine de réfléchir quelques instants en posant un doigt sur son menton et en levant les yeux au ciel. Puis il fixa son regard dans celui de Karl et lui dit :

"On va faire exploser quelque chose"

Et immédiatement sans attendre de réponse il poursuivit :

"Mais pour l'heure ce n'est pas ce dont j'aimerais discuter, "My Dear". Le lieu n'est pas idéal"

Et il insista sur le "my dear" comme pour railler le jeune homme sur la façon dont il passait d'une langue à l'autre.
Puis il reprit :

" Qu'est ce que tu veux faire ?"

La question était volontairement large et ouverte, Ever n'avait pas précisé si il lui parlait de là tout de suite, ou de ses aspirations dans l'absolu. Il voulait voir si il avait besoin d'être cadré pour répondre ou si il dirait une chose inattendue.
Puis interpelant un serveur il ajouta :

"Qu'est ce que tu prends ? c'est moi qui invite cette fois"

Karl avait suivit le plus grand, les mains dans les poches. Alors qu'ils s'asseyaient et que le roux commençait à lui parler à nouveau, d'une voix qu'il n'aurait sût dire si elle l'intriguait ou si elle était sans ton, tout simplement, il constata que leur table était un peu branlante.

Il la fit vaciller plusieurs fois, une grimace agacée sur le visage. Finallement il sortit de sa poche son billet d'avion qu'il plia plusieurs fois afin de s'en servir de cale pied.

Le bout de carton en place, la table bougeait déjà nettement moins. Et tout à son observation, il entendit à peine ce que lui disait l'autre homme.

"On va faire exploser quelque chose."

Les premières questions qui submergèrent Karl furent : quand ? Comment ? Où ? Quel serait son rôle ?
Finallement il resta muet et laissa l'autre poursuivre.

"Mais pour l'heure ce n'est pas ce dont j'aimerais discuter, "My Dear". Le lieu n'est pas idéal"

Il jouait avec ses nerfs là non ? Il le fusilla du regard avant de lui dire :

"Ca fait moins d'un mois que je parle japonais. Je n'aime pas ce pays, je n'aime pas cette langue... Et je n'aime pas cette saloperie de café non plus !"

S'énerva t-il tandis que son cale pied provisoire venait de se faire la malle alors même qu'il posait ses coudes sur le dessus de la table.

Ever lui, poursuivit sur sa lancée :

" Qu'est ce que tu veux faire ?"

Puis très rapidement derrière :

"Qu'est ce que tu prends ? c'est moi qui invite cette fois"

Karl laissa tomber l'idée de s'accouder et s'affala plutôt sur sa chaise. Un long soupir le traversa.

"je veux prendre une douche..."

Il souffla sur une mèche trong longue qui tombait, rebelle, sur le bruns de ses yeux.

"Snaky snake..."

Et réalisant que dans cet endroit stupide il ne devait pas y avoir ce genre de type d'alcool (et que de toute façon on ne le lui donnerait probablement pas) il eu un rictus désabusé.

"Disons plutôt un lait fraise..."

Ethel observa le manège de l'allemand avec le pied de la table avec beaucoup d'amusement. Il avait l'esprit pratique, il fallait le lui reconnaitre.
Et quand le jeune garçon commanda un lait fraise, Ever ne pu retenir un rire étouffé et une remarque entre ses dents :

- Ah ben voilà... je choisi un gamin et il faut qu'il soit pas sevré...

Puis il se reprit, ne voulant heurter d'emblée l'égo de son nouvel "ami"...
Ainsi il déclara, le regard fixe, et une expression sérieuse sur le visage :

- Aheum pardon... c'est vrai qu'il a de la fraise dedans

Moment de battement...
Et Ethel revint sur ce que son interlocuteur lui avait répondu quelques phrase en arrière. Prendre une douche... c'aurait été une fille en face de lui qu'il aurait pris ça pour une invitation...
Et sa mauvaise humeur était un vrai plaisir, cette recrue avait décidément quelque chose de plaisant.
Puis le serveur pointa le bout de son nez et déposa devant Karl son lait fraise et devant Ethel son jus de mangue.

Et Ever reprit, une fois encore :

- Bon, on va pas s'éterniser je pense. Prend ton lait avec toi.

Il se leva, prit son verre et se dirigea vers le garçon. Il saisi alors avec deux doigts un billet qui se trouvait dans la poche avant de sa chemise et le glissa dans celle du serveur en lui murmurant à l'oreille et en lui tapotant sur l'épaule avec condescendance :

-On prend les verres, ya de quoi les payer dedans, et un pourboire


Ensuite il retourna vers Karl et l'invita, d'un geste de la tête, à le suivre.
Ils marchèrent ainsi dans l'aéroport pendant un moment et ils finirent par s'arrêter devant une grande baie vitrée qui donnait directement sur une vue plongeante de la ville.
Ever pointa alors du doigt la tour de Tokyo qu'on pouvait facilement distinguer parmi les autres bâtiments. Puis il posa une main sur la tête de jeune ami et approcha ses lèvres de ses oreilles, tout en gardant le regard rivé sur la tour :

- Tu ne trouve pas qu'elle fait tache dans le paysage ? Une copie aussi ridicule... si au moins elle était couchée, elle aurait une certaine originalité...

Karl ne fit aucune attention à la remarque de l'aute homme, trop occupé qu'il était à regarder encore et encore ce qui faisait de cette table la moins confortable du café.

Toute fois quand Ever se leva il recadra son attention sur lui il suivit un peu ce qu'il disait. S'exécutant, il se leva et saisit son verre dans sa main gauche et se contenta d'un petit sourir moqueur devant l'air incrédule du serveur, quand ce dernier lui soudoya leurs deux verres.

Y a pas, s'était amusant que d'être avec ce gars là, même si de toute évidence il cherchait à lui mettre les nerfs en pelotte...

Karl se laissa conduire jusqu'à une grande baie vitrée. Il n'eut aucune difficulté à reconnaitre le paysage qui sétalait devant lui, il l'avait déjà vu en photographie sur le net.

La tour de Tokyo tronait, impériale, en plein milieu, et c'est justement elle qu'Ever se mit à pointer du doigt.

Karl sentit Ever se pencher sur lui et il se raidit, sans toute fois bouger. La main du plus grand vint se poser sur sa tignasse déjà mal coiffé et il sentit les lèvres d'Ever remuer.

Donnant une petite tape sur la main d'Ever il ne s'écarta pas mais se contenta de pivoter légèrement. Si Ever lui murmurait dans son oreille sourde, il allait pouvoir parler longtemps dans le vent.

Karl capta donc la dernière partie du message. Suffisament clair de toute façon.

Un petit sourir joua un instant sur ses lèvres sanguines.

- Tu te prends pour un artiste ?

Puis il laissa le silence retomber...